Dune


En l’an 10191 AG, une seule substance permet de voyager dans l’espace : l’Epice. Cette substance, la plus convoitée de l’univers, ne se trouve que sur la seule planète Arrakis, aussi appelée Dune, planète aride et hostile, couverte de sable. Le Duc Leto Atréides remplace ses ennemis, les Harkonnens, à la tête du fief d’Arrakis, et part s’y installer avec sa concubine Jessica et son fils Paul. Les membres de la Maison Atréides pressentent un piège, tendu par le baron Harkonnen, mais ils doivent obéir à la volonté de l’Empereur. Peu après leur installation sur Dune, les Atréides sont trahis par le médecin personnel du Duc Leto et décimés par une attaque conjointe des forces Harkonnen et des troupes de l’Empereur. Paul et sa mère parviennent à fuir et se retrouvent seuls survivants de la famille Atréides. Perdus en plein désert, ils y rencontrent les Fremen, peuple indigène d’Arrakis et véritables maîtres du désert. Les Fremen attendent la venue d’un Messie qui les délivrera. Se pourrait-il que ce soit Paul ?

Dune (1984 ; 2h20) film américain réalisé par David Lynch avec Kyle MacLachlan, Francesca Annis, Jürgen Prochnow…

Dans Dune, Frank Herbert avait mis en scène un univers et des protagonistes complexes, hauts en couleur. Le monde qu'il décrivait était d'une complexité folle, n'ayant rien à envier à Tolkien. On pourrait même dire que s'il fallait chercher un fou furieux du détail en Science Fiction, on citerait Dune et ses suivants. En effet, F.H est allé jusqu'à imaginer une histoire entière, des écologies, des religions, etc. Par ailleurs, Dune est aussi une fresque très visuelle. Même si le décor semble minimaliste, les situations décrites se prêtent bien à une version cinématographique. Il fallait bien qu'un réalisateur s'y frotte. Qui, à l'époque, est mieux placé que Lynch pour ce faire ? Je dirais, pas grand monde... à part peut être un Carpenter des grands jours. Or, une des difficultés que le réalisateur a dû rencontrer est la bonne recette pour faire tenir une épopée si complète et complexe dans un film. Aujourd'hui, peut être que les producteurs se seraient dit qu'un film en deux parties serait bienvenu. Lynch, au contraire, a choisi la contraction.

Lynch situe le décor assez rapidement, invoquant -comme dans le livre- Irulan pour introduire l'épopée. La Guilde tient les rênes. C'est incontestable. Même l'empereur Padishah se plie aux volontés du représentant. Cependant, même s'ils sont surveillés, la famille Atréides s'apprête à s'approprier Arrakis au détriment des Harkonnens. Parmi les Atréides, Paul paraît dans une position particulière. Un mythe court, comme quoi un homme serait enfanté. Il serait le messie, capable de mener une lutte globale et pourvue de pouvoirs supérieurs. Les Harkonnens, quant à eux, sont dirigés par un baron louche, gras, entouré de deux gardes. Dans un troisième recoin, tapis dans le sable du désert mais aussi dans les rêves de Paul, les Fremens sont encore présents. La mise en place est bien lente, comme dans l'œuvre d'Herbert après tout. Or, dès que Jessica et Paul se retrouvent seuls, tout s'accélère tant, et si bien, que Lynch passe à la trappe le moment le plus intéressant voire important de ce premier tome : la confrontation entre Paul et les Fremens ainsi que sa lutte autant symbolique que concrète pour gagner leur confiance. Cette ellipse n'est pas qu'accidentelle malheureusement. Plus le film avance, plus les détails sautent, faisant la place aux événements concrets et, peut être, plus facilement formalisables.

Cette adaptation à l'écran de Dune est présentée comme étant le chef d'œuvre de Lynch. Personnellement, je ne le pense pas. Certes, il a de nombreux arguments, notamment graphiques même si certains effets semblent vieillots. Par ailleurs, le casting est dans l'ensemble plutôt réussi même si je regrette les omissions pour certains protagonistes. Mais, passons : le trop est l’ennemi du bien. Cependant, outre les « oublis » scénaristiques déjà évoqués, Lynch oublie aussi de développer certaines castes centrales dans l'œuvre d'Herbert dont les Mentats, les Sardaukars et les Fremens eux mêmes. Ceci est dommage tant l'intérêt de Dune est aussi dans la complexité de la société et des groupes qui y évoluent.

Note : II

Les Murmures.

Commentaires

  1. Je te trouve un peu dur avec le film de Lynch, même si, je te l'accorde, on est loin du chef d'oeuvre. En ce qui me concerne, je préfère, et de loin, le plus récent Mulholland Drive.
    En ce qui concerne celui-ci, c'est sûr qu'il y a des oublis. Vu la densité de l'oeuvre originale, il aurait fallu au moins neuf heures de film.
    En tout cas, mes personnages préférés restent les Harkonnens, tellement affreux !

    A.C.

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  2. C'est peut être parce que je l'ai vu rapidement après avoir lu l'oeuvre originale mais j'ai effectivement été déçu. En revanche, je n'ai pas vu l'autre film "Frank Herbert's Dune".
    Et, oui, les Harkonnens sont remarquables même si le baron semblait plus vicieux dans l'oeuvre de Herbert.

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  3. "Dune" est une splendide kitscherie.Je m'explique. Je l'avais vu à sa sortie alors que je lisais en même temps le cycle d'Herbert (évidemment, il n'y a aucune comparaison).
    Pendant longtemps, ce film n'a failli jamais voir le jour....Cela fait sourire à présent mais il était aussi "maudit" que l'adaptation du SDA (Seigneur des anneaux). Effectivement, les effets spéciaux nous paraissent vieillots mais pour l'époque, ils ne l'étaient pas forcément. En fait, c'est une production qui a coûté cher...(et qui n'a pas fonctionné en salles, si ma mémoire est bonne). L'impression en sortant de la salle était juste: "Quoi? ils ont fait cette chose? Et Paul? SOS!!"....alors que les revues de SF (ciné) des années 80 nous avaient fait rêver.
    Je l'ai revu depuis lors et j'ai retrouvé les mêmes défauts mais le challenge était énorme. Dune? il faudrait en faire une série TV. Et encore, elle ne retranscrirait jamais l'esprit des livres. Merci pour cette chronique ^^

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    1. Alors, c'est Les Murmures qu'il faut remercier pour cette chronique.

      En l’occurrence, la série que tu appelle de tes souhaits existe bel et bien. Elle date du milieu des années 2000.

      A.C.

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