Retour sur... Lucas Moreno - 2
Comme promis, voici la deuxième
partie de l'interview accordée par Lucas Moreno au blog de A.C. de
Haenne :
A.C. de Hænne : Oui, ça m'arrive aussi de voir des choses dans le crépis de mes toilettes... Je sais aussi que tu es au sommaire de l'anthologie Malpertuis II. Quel est le titre de la nouvelle, et que peux-tu nous en dire ?
A.C. de Hænne : Oui, ça m'arrive aussi de voir des choses dans le crépis de mes toilettes... Je sais aussi que tu es au sommaire de l'anthologie Malpertuis II. Quel est le titre de la nouvelle, et que peux-tu nous en dire ?
Lucas Moreno : Le sommaire de l’anthologie annonce « Premier jour »,
mais c’est une erreur : le vrai titre, c’est « Comme au premier jour ». C’est une nouvelle de fantastique,
mais c’est également ma première incursion dans le registre du polar. Ce
texte a marqué un tournant pour moi, parce que j’ai compris que
j’aimais beaucoup écrire à la première personne du singulier, que
c’était naturel, fluide, que trouver son style, « entendre sa voix », au
fond, ce n’était pas très éloigné d’écrire comme on parle. À partir de
ce texte-là, je me suis pas mal décontracté.
A.C. : Quelles sont tes autres
nouvelles parues récemment (n'hésite surtout pas à être exhaustif !) ?
L.M. : Il y a « L’Autre Moi », nouvelle de SF pure et dure sur
fond de post-Singularité, parue en mai 2010 dans l’anthologie Dimension
Suisse, chez Rivière Blanche. Et
aussi « Le meilleur’ ville dou monde », parue en version partielle dans
le quotidien genevois Le Courrier et en version complète sur le site www.culturactif.ch.
À vrai dire, je n’ai pas beaucoup publié à ce jour : une dizaine de
nouvelles en tout. On trouve la liste dans ma fiche nooSFere.
A.C. : D'où te vient ce goût pour
l'écriture ?
L.M. : J’ai toujours voulu écrire mais je ne savais pas comment
procéder. Pendant longtemps j’ai pensé que c’était pour le style, pour
les mots, mais aujourd’hui je comprends que je suis avant tout un storyteller et que
c’est ça qui me procure des sensations. La SF, l’aventure, l’évasion,
voilà ce qui me botte. Je crois que ma force réside davantage dans les
idées, dans les structures narratives alambiquées ou surprenantes, dans
les dialogues que dans le style à proprement parler. Ce n’est d’ailleurs pas un
hasard si je travaille actuellement à un scénario de BD et que j’y
trouve carrément mon compte. C’est une véritable révélation, en fait !
L’autre aspect qui
m’intéresse, c’est l’écriture tripale, sans
concession, émotionnelle. Pour explorer ce terrain-là, j’ai choisi le
polar étrange, les univers schizophrènes au bord de la rupture, les
ambiances à la Lynch. La fiction d’inspiration autobiographique me
titille aussi. J’explore encore les possibilités. Des écrivains comme
Fante, Bukowski, Lansdale, Cavanna, Pennac ou Benacquista ont fait des
choses merveilleuses dans ce registre. Et depuis quelques semaines,
figure-toi que je me suis mis à la poésie, comme ça, tout naturellement.
Je n’aurais jamais pensé que ça m’arriverait. J’ai toujours été plutôt
imperméable à ce mode d’expression, mais c’est venu, et depuis j’essaie
d’ouvrir les vannes de tems en temps.
A.C. : Quelles sont tes sources
d'inspirations, tes lectures ?
L.M. : Je lis de tout en permanence. Polar, fantastique, SF, littérature générale, comics, BD franco-belge,
manga, biographies, essais, histoire... Un aperçu des auteurs que
j’affectionne : Lansdale, R. J. Ellory, Jack London, Silverberg,
Brussolo, Bradbury, Matheson, Gerard Donovan, Dennis Lehane, Asimov,
Robert Charles Wilson, George R. R. Martin, Dan Simmons, Pierre Bordage
et bien d’autres ; la liste est longue ! Je suis également boulimique de
films, de séries et de musique (j’écris souvent au casque).
A.C. : Quel est ta méthode de travail ?
L.M. : À ce niveau-là, je suis très anglo-saxon. Je crois à
l’adage « 99 % de boulot, 1 % de talent ». De fait, seule une discipline
quotidienne me permet d’explorer en profondeur mon imaginaire et ma
créativité. C’est comme si, tous les matins, mon conscient disait à mon
inconscient : « Eh, cerveau droit, c’est 7h30, c’est l’heure de te
bouger les fesses. » C’est sous stress que je fonctionne le mieux. Avec
des délais, des milliers de signes à abattre par jour, etc. Comme disait
Tezuka, et sans vouloir aucunement me comparer au maître, « plus je
suis occupé plus j’ai de bonnes idées ». Mais comme je suis extrêmement
concentré pendant le travail, je m’épuise vite, donc j’écris rarement
plus de 4 ou 5 heures par jour. Sauf quand il y a un gros truc à
boucler. J’ai le projet très concret de vivre de l’écriture, mais comme
je ne suis pas encore professionnel, je dois me mettre en condition de
manière un peu artificielle.
C’est un peu le serpent qui se mord la queue : pour publier
régulièrement il faut écrire beaucoup, et pour écrire beaucoup il faut
du temps, or pour dégager assez de temps il faut justement que
l’écriture te rapporte de quoi bouffer. À un moment donné, quand on veut
vraiment devenir pro, on est forcément « en déséquilibre » à ce
niveau-là, mais c’est le prix à payer et je compte bien y arriver, c’est
pour ça que je travaille dur.
A.C. : Oui, le serpent qui se mord la queue... Je ne
connais que trop bien ! Sinon,
quels sont tes thèmes de prédilection ?
Passionnant, n'est-ce pas ?
La suite (et malheureusement la fin) arrive dès demain...
A.C. de Haenne
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