Créature du miroir, de Jess Kaan

Bavignies est une petite ville où il ne se passe pas grand-chose, ou presque. Jusqu'au moment où des meurtres sordides y sont commis, bouleversant quelque peu la tranquillité de ses habitants. Ludwik et Aleksandre sont deux frères qui n'ont pas été épargnés par la vie. Bien malgré eux, les deux adolescents vont être impliqués dans cette histoire fantastique où les cadavres s'accumulent...

Quand le passé s'en prend au présent...

illustration de Sylvain Sarrailh
Je connaissais Jess Kaan pour le rencontrer très régulièrement sur un fameux réseau social. S'il n'a publié "que" trois romans, ce n'est pas moins de soixante-seize (sous réserve que sa page Wikipedia se trouve à jour) de ses nouvelles qui sont parues sur différents supports (jusqu'en Pologne !) depuis 1999 ! Pas mal, non ? Donc, lorsque cet auteur me propose de lire son dernier roman paru aux Editions les lucioles, je saute sur l'occasion ! Ce serait pour moi un bon moyen de le découvrir autrement que par le biais de ses statuts sur le même réseau social.

Bon, alors, qu'en est-il de ce roman ? 

Je vais commencer par les points négatifs, histoire de ne pas rester sur une note déplaisante pour un bouquin qui ne le mériterait pas. Tout d'abord, il y a le style qui, malgré quelques très belles fulgurances, m'a paru parfois sans relief, notamment dans les dialogues. Tout le monde n'a pas la même exigence à ce niveau-là, mais je dois avouer aimer me laisser transporter par la musicalité des phrases. Ce n'est pas pour rien que j'apprécie tout particulièrement des auteurs tels que Priest, Wilson ou le regretté Banks. A contrario, l'auteur fait preuve d'un réel talent dans les parties relatant des faits qui se produisent dans le passé, en trouvant presque un style se rapprochant des écrivains du XVIIIème siècle. Malheureusement, ces parties ne sont pas prépondérantes. Et quand je parlais de fulgurance, je ne vous en citerai qu'une, qui n'est autre que l'incipit du chapitre 20 : "Un escalier moucharde toujours". Magnifique, non ?

En ce qui concerne les points positifs, ils sont heureusement beaucoup plus nombreux. En premier lieux, je verrais l'intrigue qui repose sur un scénario très malin et qui balade le lecteur d'une époque à l'autre. En fait, sur trois époques : le présent avec les jeunes, dix années auparavant avec un certain Lucien Delcourt et trois siècles dans le passé. Et même si le présent est prépondérant, les allés-retours dans le passé sont très bien vus car, à petites touches, ils sont tout à fait éclairants sans n'être jamais prévisibles. Ensuite, il y a les personnages, attachants, que l'auteur campe avec brio. J'ai d'ailleurs hâte que ma fille puisse lire ce livre pour voir à quel point ces "héros" ordinaires sont bien vus (ou pas...) Ces 400 pages se lisent avec une telle facilité (malgré le style qui ne me correspond pas, mais je n'y reviendrai pas) que jamais on ne boude son plaisir, jusqu'à un final formidable qui explose tel un feu d'artifice et une fin qui, gageons-le, laissera plus d'un lecteur pantois. 

Juste un petit mot sur l'édition qui, pour une petite structure telle que les Editions les lucioles (que je découvrais ici), vaut bien celle d'une grande maison d'édition. Pas ou peu de coquilles, belle couverture (signée Sylvain Sarrailh, encore une découverte), marque-page (ces petites attentions sont rares de nos jours). Bref, de la belle ouvrage que je souhaitais mettre en avant.

Au final, si comme moi vous voulez découvrir un auteur avec une histoire fantastique (au propre comme au figuré), n'hésitez pas à dépenser 15€ pour passer un bon moment de lecture.

Créature du miroir - 408 pages - D.L. : mai 2013

note : II

A.C. de Haenne



    

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