Bifrost n°72 : Ray Bradbury


illustration d'Aurélien Police
Comme vous l'avez peut-être déjà compris, il va être question ici du dernier numéro en date de ma revue préférée. Avant toute chose, je tiens à préciser que le fait d'avoir participé (modestement) à ce numéro (Alleluiah !) ne va pas m'empêcher d'en dire du bien. Bien au contraire. Ou pas.

Bref, soyons sérieux cinq minutes. Sous une couverture totalement renversante (il faut dire qu'Aurélien Police, son auteur, a un talent fou), le soixante-douzième numéro de Bifrost nous propose de (re)découvrir Ray Bradbury, cet auteur étasunien disparu en 2012 à l'âge canonique de 92 ans.

Pour commencer, Olivier Girard nous explique toute l'importance de consacrer ce numéro à un géant de la littérature de genre (plus fantastique que SF, d'ailleurs) tel que Ray Bradbury. Et de conclure son éditorial par une question référencée à l'oeuvre : "Et puis, ne sommes-nous pas en octobre ?"

La première nouvelle proposée, signée Ray Bradbury, date de 1947. Le Cercueil nous narre les facéties d'un inventeur jouant un dernier tour à son frère qui vit à ses crochets. En guise d'amuse-gueule, ce court texte fort sympathique est tout à fait alléchant. C'est ensuite au tour de Christian Léourier de nous offrir une histoire. Le Réveil des Hommes Blancs se déroule dans le monde qu'il a créé, Lanmeur. Je connais peu ce cycle, que j'ai découvert grâce à Bifrost et son numéro 65. L'auteur nous propose ici une belle rencontre entre un colon et un être primordial. Très joli texte à deux voix qui peut être une belle porte d'entrée pour un monde plus vaste. A suivre, donc. La nouvelle suivante de cet opus bifrostien est de nouveau issue de la plume de Bradbury. Là encore un très court texte (six pages), mais contrairement au Cercueil, je n'ai pas du tout aimé Un Petit voyage. Cette histoire abracadabrante de voyage vers Mars pour femmes d'un certain âge sent un peu le renfermé. Ce qui n'est pas du tout le cas de la nouvelle qui vient juste après. Le Pacha est signée par un Jean-Philippe Depotte que, à ma très grande honte, je découvre ici. Il faut dire qu'il s'agit-là de sa toute première nouvelle publiée. Le Pacha est un conte philosophique, à la manière de Voltaire, où Jacob et son Maître devisent de la guerre en cours contre les Ottomans, alors que ce dernier est missionné par l'Empereur. Cette nouvelle est une merveille d'orfèvrerie littéraire, une pâtisserie fine où l'on déguste chaque mot. Bref, un régal. La dernière nouvelle, La Grande roue, est encore de Ray Bradbury. Datant de 1948, ce récit n'a pas pris une ride. Même si je découvrais là la nouvelle, l'histoire m'était familière. En effet, elle se situe, à quelques détails près, dans l'intrigue principale du long-métrage La Foire des ténèbres (1983), scénarisé par Ray Bradbury himself, d'après son roman éponyme datant de 1962. Pas de surprise pour moi, mais une belle histoire quand même, un beau texte sur l'enfance.

Viennent ensuite quarante pages de critiques de romans, recueils, anthologies et autres revues.

Dans la rubrique Paroles de libraire, Hervé Le Roux est allé faire un tour dans une librairie que je connais bien pour l'avoir souvent fréquentée. Il s'agit de la librairie L'Atalante, à Nantes. C'est Gwen Le Bars qui répond aux questions.

Ensuite, la revue consacre pas loin de cinquante de ses pages au dossier spécial Ray Bradbury. Du papier d'introduction signé Pierre-Paul Durastanti à l'exhaustive bibliographie réalisée par Alain Sprauel, on peut dire que ce dossier, c'est du lourd. Tandis que Xavier Mauméjean revient sur le classique Fahrenheit 451, Patrice Lajoye nous explique toute l'influence qu'a eu Ray Bradbury sur la SF soviétique et Sophie Corradini s'arrête sur la "trilogie hollywoodienne", la part la plus mainstream de l'oeuvre de l'auteur. Ce dossier, c'est aussi un cahier critique conséquent de dix-sept pages. Du lourd, je vous disais ! En tout cas, un très beau dossier qui a pour mérite principal de donner envie de se plonger dans l'oeuvre de Ray Bradbury.

Dans ScientiFiction, Roland Lehoucq part à la recherche des exoplanète. Instructif, comme toujours.

Une flopée de prix et un hommage (à Frederick Pohl) dans Parole de Nornes, la rubrique d'Org. Et un billet d'humeur sur les petites structures éditoriales estampillées SFFF (avec du Long Shu Publishing inside !)

Si le cahier critique des nouveautés ne m'avait pas forcément donné des envies d'achats compulsifs, Pierre-Paul Durastanti y parvient aisément. Dans la toute dernière (sous ?) rubrique, Dans les poches, il dresse un catalogue de ses meilleures lectures de romans en format poche. Et il n'y a que du bon !

En conclusion, voilà bien encore un très bon Bifrost. Je suis tout particulièrement fier d'avoir été, même modestement, collaborateur de ce numéro. Bien sûr, je ne touche pas le moindre pourcentage sur les exemplaires vendus (vous en doutiez ?). Je vous invite quand même très fortement à vous le procurer. N'hésitez pas, il est encore disponible par ici...

note : III

A.C. de Haenne


Commentaires

  1. Un très bon numéro qui donne bien envie de lire ou relire Bradbury, en effet !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Clairement ! J'en ai quelques-uns dans ma bibliothèque, il faut juste que je prenne le temps de m'y mettre...

      A.C.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire