Médecin de formation et fonctionnaire planqué dans une grande administration de Genève promouvant la conquête spatiale, un homme est kidnappé et se retrouve quelques jours plus tard dans un camp au beau milieu du désert, très certainement en Afrique. Là, ses ravisseurs lui expliquent qu'il doit aider la population locale s'il veut survivre. Dans un premier temps, il ne pense qu'à une chose : s'évader...
Ecrit en 1992, ce roman est l'un des tous premiers d'Ayerdhal (son troisième publié, pour être vraiment précis). Réédité par les éditions
Au diable vauvert en 2006, le moins que l'on plus dire, c'est qu'il n'a pas pris une ride. Bien au contraire, il est malheureusement d'une actualité brûlante (sans mauvais jeu de mots).
|
Jean-Marc Gourdon |
A la fin du vingt-et-unième siècle (ou au tout début du suivant, ce n'est pas vraiment explicité), les pays occidentaux connaissent un nouveau boom économique grâce à l'essor spatial : stations orbitales de type
Lagrange, exploitation minière d'astéroïdes, colonisation du système solaire par l'espèce humaine, etc. Le gros problème de cette société du futur décrite par petites touches par l'auteur, c'est que si les pays occidentaux connaissent un regain de croissance et de confort matériel, c'est loin d'être le cas de tout le monde sur la planète. Un peu comme maintenant, me direz-vous. Oui, exactement, mais peut-être de manière exacerbée. Le grand questionnement de ce roman, c'est justement de se demander pourquoi les pays riches vont coloniser et, pourquoi pas,
terraformer des planètes aujourd'hui hostiles à l'homme, comme Mars, ou même Vénus, alors que la Terre elle-même connait des lieux inhospitaliers, parce que recouverts de déserts, et où les gens meurent de faim. Pourquoi donc aller dépenser des milliards pour une entreprise qui, au final, ne bénéficiera qu'à une toute petite partie de l'espèce humaine ? Cette réflexion transposée dans un monde futur plus que probable n'est que le reflet, à peine déformé, de ce qui se passe actuellement sur le globe, en 2014. Mais n'est-ce pas la le propre de toute bonne oeuvre de Science-Fiction ? Parce que même si ce livre est présenté par le nouvel éditeur du romancier (Ayerdhal est très fidèle aux éditions Au diable vauvert depuis ce roman-ci, justement) comme un thriller (ce qu'il est, par bien des aspects), c'est avant tout un roman de Science-Fiction, et un très bon.
Au final, c'est peu de dire que j'ai beaucoup aimé ce roman, très court et très bien écrit. Les événements s’enchaînent avec une efficacité effrayante (un peu trop vite, peut-être ; parfois certains événements manquent quand même de matière pour être crédible, mais peu importe). Quand on a ouvert ce roman, on ne peut le lâcher et le dévorer d'une traite. Un livre d'un humanisme sincère (sans naïveté je pense) qui fait du bien en ces temps où dominent le cynisme et le chacun pour soi...
Un roman qui a remporté le
Grand Prix de l'Imaginaire en 1993, tout à fait mérité à mon humble avis.
Demain, une oasis - Au diable vauvert - 252 pages - 17,5€ - D.L. : septembre 2006
note : IV
A.C. de Haenne
Je l'avais bien aimé aussi, dans l'ensemble, Il y a des problèmes de rythme et de style par moments, mais il est très sympa.
RépondreSupprimerMême si je vois ce que tu veux dire, pour ma part, ça ne m'a pas choqué.
SupprimerA.C.
Ça n'a rien de choquant. C'est un peu gênant, on perd un poil d'immersion, mais ça n'ôte rien à l'intérêt du bouquin.
SupprimerOn est bien d'accord. C'est le deuxième roman que je lis d'Ayerdhal et, comme pour le moment je n'ai pas été déçu, je compte bien continuer à explorer sa bibliographie...
SupprimerA.C.
La thématique de ce roman m’interpelle beaucoup, car à chaque fois qu’un site d’actualités publie des news scientifiques sur Mars ou d’autres planètes, il y a toujours un internaute pour laisser un commentaire plein d’amertume sur la misère… Je vais me procurer le roman, merci pour cet article intéressant.
RépondreSupprimerIt's my pleasure !
SupprimerJe ne pense pas qu'Ayerdhal soit technophobe, loin de là. Mais ce qu'on fait avec la richesse, aujourd"hui et maintenant, est scandaleux. Plutôt que de redistribuer en payant des impôts, certaines personnes préfèrent investir dans des futilités sans limites. Mais ceci est un autre débat...
A.C.
Oh que je partage cet enthousiasme ! C'est un roman qui m'a beaucoup marquée et que je conseille très souvent, aux lecteurs de SF ou non !
RépondreSupprimerEt pour ajouter ma pierre à l'édifice précédent, non, Ayerdhal n'est pas technophobe, loin de là. C'est au contraire quelqu'un qui réfléchit beaucoup au monde actuel !
Qui réfléchit et qui fait réfléchir.
RépondreSupprimerA.C.