Docteur Frankenstein - VOD

Dans un cirque en représentation à Londres, le savant Victor Frankenstein repère un jeune bossu hirsute qui sert de clown et de souffre-douleur à tous les membres de la troupe. Celui-ci est follement amoureux de la jeune équilibriste. Mais alors que la jeune femme est en représentation à plusieurs mètres de hauteur, elle tombe. Le bossu se précipite et, grâce aux études de médecine qu'il mène en secret, entreprend de la soigner. Ainsi, grâce aux conseils du docteur Frankenstein qui assistait au spectacle, le bossu sauve la jolie jeune femme. Le savant désire que le bossu vienne avec lui, quittant le cirque qui ne lui permet pas de se révéler. Mais le propriétaire du cirque ne compte pas laisser partir le jeune difforme...

Docteur Frankenstein (2015, 1h50), film américain de Paul McGuigan, avec James McAvoy, Daniel Radcliffe, Jessica Brown Findlay, Andrew Scott, Charles Dance...

Avec un classique aussi connu que le Frankenstein ou le Prométhée moderne (dont on fête cette année les deux cent ans de la première mouture sous la forme d'une nouvelle écrite pratiquement en une seule nuit d'orage ; il sortira sous forme du roman tel qu'on le connaît en 1818) de Mary Shelley, il faut savoir être original. Ou, du moins, prendre une voie qui n'a jamais été prise depuis deux siècles. Depuis le succès du roman, on ne compte plus le nombre de pièces de théâtre (dès 1823), de ballets, de bandes-dessinées (et même des jeux vidéos !) et, bien sûr, de films. Si la première adaptation cinématographique date de 1910, c'est bien sûr celle réalisée en 1931 par James Whale (et sa suite, sortie en 1935, La Fiancée de Frankenstein, considérée par de nombreux critiques comme supérieure au premier opus) qui fixe les canons esthétiques du mythe moderne, notamment grâce à un Boris Karloff qui, par son interprétation et son maquillage, marquera à jamais les esprits dans la représentation populaire de la créature. Et la littérature n'est pas en reste. Depuis deux siècles, on ne compte plus non plus les essais sur ce mythe et les relectures romancées de cette histoire. Parmi celles que j'ai pu avoir sous les yeux, j'ai beaucoup aimé le roman de Peter Akroyd, Les Carnets de Victor Frankenstein. Pour un réalisateur moderne, il faut donc savoir être original. C'est ce qu'a tenté de faire le réalisateur britannique Paul McGuigan avec ce Docteur Frankenstein, que je viens donc de rattraper, histoire de fêter cette fameuse nuit de folie littéraire à la Villa Diodati...


Mais j'ai bien dit tenter...

Parce que, dans les faits, on ne peut pas vraiment dire que McGuigan a su faire preuve d'une quelconque originalité. Dans la forme, il nous refait le coup de Guy Ritchie qui a su, lui, moderniser (sans trop dénaturer, à mon humble avis) Sherlock Holmes en faisant vivre, à lui et à Watson, des aventures à cent à l'heure. La scène de poursuite dans le cirque au début de ce Docteur Frankenstein m'a très fortement fait pensé au travail de Ritchie. Malheureusement, tout le monde n'est pas un aussi grand virtuose de la caméra que lui (oui, je sais, faudrait quand même qu'il pense à se renouveler, mais ceci est un autre débat). Resultat, McGuigan peine à convaincre dans sa mise en scène. Dans le fond, outre le fait qu'il place l'action de ce Docteur Frankenstein sous l'ére victorienne (l'utilisation des revolvers en Angleterre ne peut que se situer dans la deuxième partie du XIXème siècle) plutôt que sous le rêgne de George III. Cela peut paraître un détail en soi, mais ce changement d'époque a son importance. Peut-être vois-je des soucis là où il n'y en a pas (d'autant qu'il s'agit-là d'une oeuvre de fiction jouant la carte du divertissement), mais je pense que cette translation de période occulte des questionnements philosophiques de la société par rapport à la science. En revanche, pour ne pas avoir approfondi le sujet, je suis bien incapable d'en dire davantage. Le scénario de ce film ne fait pas non plus dans la dentelle tant il est cousu de fil blanc (oui, pour un film mettant en scène la créature de Frankenstein, c'est un jeu de mot certes approprié, mais assez avarié). Quelques idées originales (le rapport entre le docteur et le vrai/faux Igor, faux bossu mais véritable génie de médecine (c'est un poil gros, mais passons)) ne sauvent pas un film bourré de clichés et de redites...

Quelques belles trouvailles...

Reste quand même une créature de Frankenstein assez bien trouvée. Il faut dépasser l'icône absolue qu'est devenue dans notre culture la créature créée par/pour l'acteur Boris Karlof en 1931. Certes l'histoire ne retiendra pas le nom de Guillaume Delaunay comme elle a retenu celui de Karlof, mais on peut tout de même signaler sa prestation.
Comme il se doit quand on parle de savant fou (James Mc Avoy est parfait pour jouer la dualité, face à un Daniel "H.P." Radcliffe deux ou trois crans en dessous) et de technologie en avance sur son temps (on signalera au lecteur peu attentif qu'à l'heure actuelle, la science n'est toujours pas parvenue à faire revivre de façon durable des cadavres, humains ou animaux), on pense forcément au steampunk. Si vous suivez ce blog depuis un certain temps maintenant, vous savez quel genre de passion j'éprouve pour ce genre et, surtout, pour l'esthétisme qui en découle. Là, elle est tout particulièrement réussie, reprenant ses représentations les plus iconiques.


Au final, ces quelques bons points rattraperont que d'extrême justesse un film bancal, mal écrit et pas très bien réalisé qui peine à intéresser le spectateur. Seul le thème, universel, du mythe de Frankenstein pourra attirer les plus passionnés. Mais ils n'apprendront rien là qu'ils ne savent déjà.

note : II

A.C. de Haenne


Commentaires

  1. Si c’est moins bien que du Guy Ritchie, je ne risque pas d’aller voir ça…

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  2. Déjà, je trouvais que les acteurs n'avaient pas la tête de l'emploi. Inutile de te dire, que je ne pense pas regarder désormais ce film....

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    1. Je me suis sacrifié pour les autres sur ce coup-là !

      Après, perso, c'est mon attrait du mythe qui m'a poussé à le voir...

      A.C.

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    2. Merci de ce sacrifice. Il est apprécié à sa juste valeur. Ouf, j'ai échapper à un nanard.

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    3. Nanar, non (j'ai une définition bien précise de ce que ce mot recoupe et ce film n'en est pas un, définitivement).

      Navet, non plus.

      Mais un film qui n'atteint pas les ambitions affichées. Un peu comme une grosse majorité des productions actuelles d'Hollywood. Dommage parce que le sujet avait de quoi nous donner quelque chose de cent fois meilleur. Après, il aurait fallu prendre un réalisateur avec une vraie vision...

      A.C.

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