Un logique nommé Joe (A logic nammed Joe), par Murray Leinster

Le héros de cette histoire travaille à la Maintenance des logiques, ces ordinateurs personnels qui, branchés sur le réseau, peuvent prendre toutes les informations du monde contenues dans le Réservoir. Mais quand le héros se rend compte qu'un certain logique, qu'il nomme Joe, commence à répondre aux questions alors qu'il ne devrait pas le faire, sa tranquillité se voit bouleverser, jusqu'à sa vie conjugale...

couverture : Xavier Sébillotte
Dans une émission ou une conférence que j'avais écoutées en podcast (j'ai malheureusement oublié la référence, ce qui, j'avoue, n'est pas très professionnel), j'avais entendu dire par l'un des intervenants que la science-fiction n'avait jamais prédit l'émergence de l'internet. Eh bien, c'est faux puisqu'en 1946 (alors qu'à l'époque, les "ordinateurs" occupaient une pièce entière), Murray Leinster (de son vrai nom William Fitzgerald Jenkins) décrivait avec cette nouvelle l'émergence du réseau informatique mondial. Et, puisque c'est le sel de toute bonne histoire, imaginait en premier lieu ses dérives...

Bien sûr, Leinster écrit cette anticipation du net avec une certaine naïveté. S'il décèle un danger à regrouper au même endroit toutes les informations (adresses, registres d'état civil, dossiers médicaux, etc.) et tout le savoir du monde (voire un peu plus), il le voit par le petit bout de la lorgnette. C'est son héros, anonyme, qui sauve le monde de la catastrophe. Parce seul lui semble s'être rendu compte qu'un tout petit dysfonctionnement d'une seule machine aurait pu faire survenir la fin du monde. Dans le fond comme dans la forme (là, c'est plutôt le registre de la comédie qui est convoqué), ce Un logique nommé Joe est un peu l'antithèse du roman d'Orwell écrit dans les mêmes années que cette nouvelle, 1984, où le héros ne parvient pas à lutter contre le système qui le broie.

Bref, si elle ne révolutionne pas la littérature de SF (ni la littérature tout court d'ailleurs), cette courte histoire a le mérite de poser un jallon. On peut sans soucis la placer dans le sous-genre du cyberpunk, presque quarante ans avant que William Gibson n'invente le terme. Une découverte à faire, assurément. 

A signaler que pour ma part je découvrais ici la collection dyschroniques (du moins par la lecture de l'un de ses ouvrages) qui a possède une charte graphique assez splendide. Récemment, j'ai fait l'acquisition de tout un lot. Pour choisir par lequel je devais commencer, j'ai pris le livre le plus court. Celui-là, donc. Et je ne regrette pas mon (non-)choix.

Un logique nommé Joe - le passager clandestin - coll. dyschroniques - trad. de Monique Lebailly - 46 pages - 4€ - D.L. : 1er trimestre 2013

note : II

A.C. de Haenne

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