Sam Was Here (Utopiales 2016 - 7/7)

Perdu au fin fond du désert californien, un démarcheur cherche de nouveaux clients en passant de village en village. En vain. Il travaille pour une entreprise au nom particulièrement commun mais qui ne nous éclaire pas vraiment pour autant. Personne sur les routes, personne dans un motel. Alors que sa voiture tombe en panne et qu’un tueur rôde dans la région, il va découvrir l’hostilité de la population locale et sombrer peu à peu dans la paranoïa…

Sam Was Here (2016, 1h25), film franco-américain de Christophe Deroo, avec Rusty Joiner, Sigrid La Chapelle, Rhoda Pell...

COMPÉTITION OFFICIELLE UTOPIALES 2016

©Denis Bajram


Tout premier long-métrage d'un réalisateur français qui se confronte au cinéma de genre "à l'américaine". En allant tourner sur place et en se plongeant dans cette petite co-production franco-américaine, on peut dire que le jeune homme prend un risque. Enfin, peut-être pas tant que cela (oui, il n'y a pas trop d'acteurs, de post-production due à des tonnes d'effets spéciaux)...

Mais ce parti-pris est il un pari gagnant ?

En grande partie, oui. Parce que le jeune homme en question possède une certaine maîtrise de la mise en scène. Bien sûr, elle ne révolutionnera pas le cinéma mondial tant on sent Christophe Deroo pétri de culture cinématographique étasunienne. Mais contrairement au duo de The Void, le réalisateur français a su digérer ses références. Il nous recrache une oeuvre bien particulière et non pas une créature de Frankenstein bricolée de maints bouts sans réelle cohésion. Là, ce qui nous est donné à voir est tout à fait cohérent. Parce que le scénario est assez malin pour ne pas laisser voir ses grosses coutures. D'autant plus que le film ne dure que soixante-quinze minutes.

En revanche, la grosse faiblesse du film, c'est qu'il ne sait pas toujours sur quel pied danser. L'idée des fausses pistes pour berner le spectateur, si elle n'est pas nouvelle, est assez bien vue. En revanche, le réalisateur finit par lui-même se prendre les pieds dans le tapis qu'il tisse au fur et à mesure de la mise en place de son intrigue. Laisser une fin ouverte, ce n'est pas gênant en soi (c'est même quelque chose que j'apprécie en règle générale quand je vais au cinéma), mais là on a l'impression que Christophe Deroo n'a pas vraiment su choisir quelle option il finissait par choisir. Si, déjà, option il y a...

Au final, les interprétations sont multiples pour ce premier long-métrage. Au spectateur de se faire sa propre vision de ce qu'il vient de voir...

A signaler que nous avons eu la chance d'assister à notre séance en présence du réalisateur himself. Et je peux vous dire qu'il y a un sacré gap entre l'allure pataude de ce jeune homme timide et de l'ultra-violence dont il a su distiller son film.

Ce long-métrage a reçu la Mention Spéciale du jury aux Utopiales 2016.

note : II

A.C. de Haenne

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