Kadath : Quatre quêtes oniriques de la cité inconnue, par David Camus, Mélanie Fazi, Raphaël Granier de Cassagnac & Laurent Poujois

Note de l'éditeur :

"Les textes du présent ouvrage ont fait l'objet d'une première publication en 2010 sous la forme de fragments entrelaçant les témoignages des rêveurs et d'encarts dans le beau-livre de la collection Ouroboros de Mnémos, Kadath, le guide de la Citée Inconnue.
Ils ont été revus pour cette nouvelle édition au format roman." 

Quatre nouvelles au sommaire de ce recueil/roman qui rend hommage à Robert Phillips Lovecraft (1890-1937) et à Kadath, la cité onirique qu'il évoque dans une de ses nouvelles, Les Contrées du Rêve. Mêlant allègrement récits écrits à la manière du maître de Providence et notules para-textuels réunis dans des annexes, ce livre plonge son lecteur dans un univers fantastique baigné de folie.

illustration de Nicolas Fructus
I. L'Inédit de Carter 
traduit par David Camus

Où l'on suit HPL faisant son entrée dans Kadath, et les aventures qui s'en suivent. Le personnage nommé HPL revient dans la cité onirique parce qu'on lui a promis une récompense pour avoir aidé les dieux de Kadath. Mais accéder au saint des saints est tout sauf une tâche aisée dans le monde du rêve.
Habillement présentée comme un inédit de Randolph Carter, cette nouvelle est écrite par David Camus, l'un des nouveaux traducteurs de Lovecraft. On lui doit, notamment, et toujours aux éditions Mnémos, la traduction puis la réunion dans un recueil inédit de quelques nouvelles de Lovecraft, Les Montagnes hallucinées et autres récits d'exploration. On peut dire sans se tromper que le monsieur connait son sujet. D'ailleurs, ça se sent, et pas qu'un peu. Très bonne nouvelle.  


II. L'Evangile selon Aliénor
prêché par Mélanie Fazi

Où il nous est contée la vie d'Aliénor dans la cité onirique. Cette nonne française mourra très jeune dans la vie réelle, mais se retrouva enceinte dans le monde des rêves. Cette grossesse perpétuelle fut engendrée par un Dieu, faisant d'Aliénor un personnage très important de Kadath.
S'il est besoin de le rappeler, Mélanie Fazi fait partie des toutes meilleures nouvellistes du genre fantastique en France. Peut-être même la meilleure. Ce récit est là pour le prouver une nouvelle fois, si nécessaire. Époustouflant.

III. Le Kitab du Saigneur
reçu par Laurent Poujois

Où l'on nous narre l'histoire du Saigneur, Seigneur de Lazaret et être immortel. Recueil de fragments de textes qui suivent les hauts-faits d'un être d'exception à travers l'Histoire, et son rapport au monde des rêves.
S'il fait partie de l'"écurie" Mnémos, je découvrais pour ma part Laurent Poujois avec cette nouvelle qui a tous les atours du texte érudit. C'est très malin, même si, personnellement, je me suis parfois demandé ce que j'étais en train de lire et comment je devais le relier à l'entreprise d'ensemble. Une découverte intéressante tout de même.

IV. Le Témoignage de l’Innommé
rêvé par Raphaël Gragnier de Cassagnac

Où l'on découvre l'Innommé faisant la connaissance de tous les autres Hauts-Rêveurs, devenus tous plus ou moins fous.
Depuis quelques années, Raphaël Gragnier de Cassagnac est devenu une grande figure de l'imaginaire hexagonal. C'est lui qui est à l'origine de ce projet fou (encore plus fou quand il était sous sa forme originelle). Lui qui a réuni tous les auteurs de ce recueil. On ne peut que l'en remercier. Cependant, c'est lui aussi qui nous sert le texte le plus léger. Sans être illisible, cette dernière nouvelle est nettement un cran en-dessous des trois autres. Car à trop vouloir raccrocher les wagons au train du projet global, l'auteur perd beaucoup de la force développée par le reste de l'équipe. Dommage, même si c'est loin d'être rédhibitoire.

Annexes

En ce qui concerne les nombreuses annexes qui émaillent ce livre, elles donnent pas mal de renseignements à l'ensemble. Cependant, c'est un peu la fausse bonne idée de ce projet. Parce qu'autant les notules s’inséraient à merveille dans le beau-livre d'origine, car celui-ci était formidablement bien illustré par un Nicolas Fructus toujours aussi inspiré, autant là on peine à comprendre l'intérêt de la chose. A part pour remplir le vide entre les nouvelles et proposer un livre de 250 pages, je ne vois pas trop...

En conclusion, ces quelques bémols ne doivent pas rebuter le lecteur de se précipiter sur ce bouquin (s'il n'a pas déjà le Kadath de 2010, bien sûr). Qu'il soit fan de Lovecraft, ou non, il pourra aisément trouver son bonheur. On regrettera tout de même de ne pas avoir quelques illustrations de Nicolas Fructus à l'intérieur de l'ouvrage, même en basse résolution. Elles nous manquent cruellement.

note : III

A.C. de Haenne

Commentaires

  1. Merci pour cette critique. Comme tu l'as dit ces nouvelles sont dans le Livre magnifique illustré par N. Fructus, Kadath le gide de la cité inconnue. Ce livre était indisponible et atteignait une côte prohibitive, mais il a été réédité en novembre et il est de nouveau disponible.

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    1. Il est plus cher que celui-ci, mais il vaut aussi pour TOUTES les illustrations de Nicolas Fructus !

      Joyeux Noël !

      A.C.

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  2. Le livre est un très bel objet.
    Super critique, merci de cette découverte.

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    1. Lutin, ce n'est pas celui-là qui est un très bel objet ; tu confonds avec "Kadath, le guide de la Cité Inconnue", dont celui-ci reprend tout la partie écrite, sans les illustrations.

      A.C.

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    2. Effectivement, je confonds les deux!

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    3. Celui-là perd au niveau des illustrations intérieures, mais est tout de même bien plus abordable (19€ au lieu de 36€)

      A.C.

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  3. En la voyant en librairie, j'ai hésité à prendre cette version. J'ai donc bien fait de m'abstenir ! Je vais plutôt commander “Le guide de la cité inconnue”. Merci pour la chronique.

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    1. Je t'en prie. D'autant plus si elle te permet de ne pas faire d'erreur ! ;-)

      A.C.

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