La forêt des mythagos, de Robert Holdstock

Alors qu'il regagne l'Angleterre après avoir combattu en Europe (nous sommes en 1946), Stephen Huxley retrouve sa maison natale où vit encore son frère, Christian. Celui-ci, qui n'est plus que l'ombre de lui-même, est visiblement perturbé par des événements récents. Du passé resurgit le fantôme de leur père, sous la forme de carnets de notes où il consignait toutes ses étranges découvertes. En effet, selon lui, la forêt primitive de Rihope, à côté de laquelle se situe la maison, serait capable de créer des êtres mythologiques, les mythagos...

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec La forêt des mythagos, on se trouve à des années-lumière de la Big Commercial Fantasy (BCF) habituelle. A l'instar d'un Ian McDonald et de son Roi du matin, reine du jour (Denoël, Lunes d'encre) qui reçut en 2009 le dernier G.P.I. décerné aux Utopiales de Nantes, Robert Holdstock nous sert ici une fantasy toute en finesse, pleine d'érudition et d'émotion. De brutalité aussi car, même si ce roman est porté par une écriture au style fluide, il ne nous épargne aucun détail, souvent très crus. Les êtres qui sortent de  la forêt de Ryhope semblent venir de la nuit des temps. Ils sont sauvages, brutaux, parfois juste portés par leurs instincts primitifs. Mais tout cela est d'une beauté incroyable, comme cette princesse celte, Guiwenneth.

J'ai découvert le regretté Robert Holdstock (décédé en 2009, à seulement 61 ans) avec un roman de science-fiction, Le Souffle du temps (Denoël, Lunes d'encre) qui, malgré de très grandes qualités, ne m'avait pas totalement convaincu.  Je ne voulais surtout pas rester sur cette impression en demi-teinte. La réputation avantageuse du présent roman m'avait poussé à l'acquérir (en bouquinerie) et, après un certain moment, à le lire.

Et c'est peu de dire que je ne regrette absolument pas ce magnifique moment de  lecture. Style splendide, dépaysement total, impression de lire quelque chose de très intelligent. Tous les ingrédients d'un très grand livre. J'ai vraiment hâte de me mettre à la lecture du prochain (dès que je le retrouve dans les cartons du déménagement). Celui-ci a pour titre Lavondyss. A suivre, donc.

note : IIII

A.C. de Haenne