La réserve des lutins, de Clifford Donald Simak


Le XXVe siècle est une époque formidable où l’on ne s’étonne plus de rien, où l’on est en mesure de transplanter dans le présent des personnages du passé, où l’on ne s’étonne même pas de cohabiter avec des trolls, des fées, des lutins, ou toutes autres créatures qu’on avait autrefois crues imaginaires. Cependant, les amis du jeune professeur Maxwell vont tout de même éprouver une certaine surprise lorsque, trois semaines après avoir suivi son enterrement, ils le voient débarquer à l’université. Maxwell, lui, prétend rentrer d’un voyage d’exploration sur la planète Cristal, chargé d’une mission de première importance pour l’avenir de l’humanité. Mais allez donc prendre au sérieux quelqu’un qui, mort et enterré, n’a même plus d’état civil…

Prenez une Terre futuriste, dont les structures sociales et les technologies (notamment le voyage dans le temps) sont changées, des éléments du Space Opera, des lutins, fées, Trolls, et autres, là sans que leur origine ne soit questionnée outre mesure. Au contraire, ils ont même toujours été là. Imaginez ensuite une intrigue digne d'un polar et vous aurez une idée de ce que réserve ce roman de Simak (qui est aussi mon premier contact avec cet auteur).

Maxwell revient de la planète Cristal, porteur d’une mission bien particulière. Il semble qu’il ait accès à une source de connaissance qui ferait pâlir l’Université dont il est un membre reconnu. Or, lorsqu’il retrouve ses deux compères, Oop (l’homme de Neandertal, heureux d’avoir découvert la distillation) et Fantôme, ces derniers n’en croient pas leurs yeux. Mais ce n’est pas à cause de la mission : Maxwell est supposé être mort. Non pas dans un imaginaire, ou parce que son corps a disparu mais bien parce qu’ils l’ont enterré « eux même ». Par ailleurs, il semble qu’il y ait d’autres acteurs de la pièce qui entrent en scène. D’abord, cette jeune femme qui en sait beaucoup sans trop en dire et son félin ; ensuite la collectionneuse de tableaux improbables ; les créatures haïes (les mal nommés roulants) ; mais aussi le retour de Shakespeare, et la présence de Churchill. Vous trouvez que c’est assez ? Alors terminons avec les querelles des non-humains, lutins et trolls en tête, et les enjeux économiques de la découverte de Maxwell.

Construit comme un polar, La réserve… laisse sur sa faim : on a plus le sentiment d’une juxtaposition d’événements qui, s’ils forment bien un tout cohérent, paraissent artificiels. En revanche, d’un point de vue ambiance, nous sommes sur quelque chose d’assez épique où une multitude de créatures et d’acteurs se côtoient. Enfin, le roman de Simak peut aussi être lu pour sa dimension plus critique. En effet, toutes ces créatures aux intérêts et histoires différents ne savent pas/plus toujours très bien pourquoi ils se haïssent. Pourtant, les conséquences de cette méconnaissance sont parfois désastreuses. Ceux qu’on croit nos ennemis peuvent être très disposés à nous aider quand nos proches semblent plus intéressés. La réserve… met effectivement en scène cet entrelacement même si l’auteur n’en fait pas vraiment un point central.

Finalement, La réserve des lutins est une bonne entrée en matière, agréable et rapide à lire. Il présente à la fois de l’originalité, une trame malgré tout intéressante et prenante (en tout cas haletante) et une bonne distraction.

Note : III

Les Murmures.
CITRIQ

Commentaires

  1. Je ne connaissais pas ce Simak ! Ça m'a tout l'air d'être un joyeux fourre-tout, mais ça semble surtout plutôt sympathique !

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  2. Ca m'a l'air bien loufoque, tout ça...

    A.C.

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  3. Oui, un bon petit Simak bien sympathique celui-là.
    Pas le haut du panier mais bien distrayant quand même ("joyeux fourre-tout" et "loufoque" sont appropriés).

    En dépit du titre, de l'illustration de couverture et de la présence de tout le bestiaire habituel du genre, ce roman n'est nullement de la Fantasy mais bel et bien de la sf (mâtinée de polar).
    J'ai d'ailleurs une méthode* infaillible pour déterminer ce qui en est et ce qui n'en est pas.
    Elle tient en trois points :

    1. Je ne lis jamais de Fantasy.
    2. J'ai lu ce livre.
    3. Ce livre n'est donc pas de la Fantasy.

    * intitulée la "taxonomie fingers in the noze", ou "Syllogisme si j'veux".

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  4. D'habitude, j'aime bien les couvertures de Présence du Futur. Ah les couvertures signées Florence Magnin pour les Princes d'Ambre...

    Dis donc, ton syllogisme fonctionne avec tous les romans ? Avec les Mythagos, il marche encore ?

    A.C.

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  5. Hé hé, je savais que tu allais essayer de me coincer là- dessus.

    ...Le secret est dans la mécanique quantique et la notion de réduction du paquet d'onde par l'observateur (dans le cas présent, le lecteur).
    Avant lecture, tout livre est tout autant de la Fantasy qu'il n'en est pas. Ces états se superposent : ça en est et ça n'en est pas.
    Le lecteur, par sa lecture, sélectionne un de ces états-là : ça en est ou ça n'en est pas.
    Or, et j'ignore pourquoi, mes lectures m'orientent toujours vers ce second état : ça n'en est pas.
    Bref, plus qu'un principe, c'est un fait : je ne lis pas de Fantasy.*

    N'ayant pas lu les Mythagos, je t'accorde que ce bouquin puisse être de la Fantasy (tout en n'en étant pas bien sûr)...
    Et j'ai dans l'idée que si je le lisais, ben, ça n'en serait définitivement pas.
    Je sais, c'est diabolique.


    * ('tain, celle-là en terme de mauvaise foi, elle est raide... Quantiquement valable, mais raide)

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