Les enfants de Dune, de Frank Herbert


Sur Dune, la planète des sables, les prophéties s'accomplissent : le désert devient jardin. Du coup, les vers géants se font rares et l'Epice de prescience vient à manquer. Tout ce qui reste de l'épopée de Muad'Dib, c'est un empire conquis, des guerriers déchus, des prêtres tentés par la théocratie. Et les deux jumeaux, Leto et Ghanima, qui portent en eux les souvenirs d'innombrables générations. Y compris, peut-être, l'antique Abomination redoutée par les soeurs du Bene Gesserit et prête à revenir du passé génétique pour faire basculer l'univers dans le cauchemar. Les morts dominent les vivants. Leto devra affronter les uns et les autres en un combat sans merci dont l'enjeu est plus que la prescience, plus que la longévité : au moins la toute-puissance, et peut-être l'immortalité.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'ai lutté pour venir à bout de cette troisième aventure sur Arrakis ! Car, si Dune m'avait soufflé, si Le messie de Dune versait trop dans la métaphysique à mon goût mais restait très fort, Les enfants de Dune peut largement être scindé en une moitié de théologie et de mysticisme et une autre de péripéties plus dynamiques. Alors, c'est vrai que cet épisode est fort tant pour la trame que pour sa mise en scène. Cependant, j'ai bien dû passer de larges parties non pas en faisant l'économie de lecture mais plutôt parce que je n'entendais rien au propos. Je soupçonne une certaine tactique d'Herbert pour donner l'impression que l'enjeu des discussions entre les acteurs de l'Empire dépassent notre intelligibilité.

Paul Muad'Dib n'est plus. Arrivé au point de non-retour, il alla se perdre dans le désert. Maintenant, c'est Alia -sa soeur- qui tient les reines de l'Empire qu'il battit. Sous le règne d'Alia, Arrakis n'a plus grand chose à voir avec l'énorme étendue de désert qui mettait à rude épreuve la capacité de survie. Elle devient presque chatoyante. Les Fremen au service du palais changent physiquement. Certes, le désert demeure, mais personne ne semble vraiment y vivre. Du moins, c'est bien ce qu'Alia aimerait : annihiler les leviers sur lesquels s'étaient appuyé Paul. Les êtres aussi changent. Jessica n'est plus que très rarement sur Dune et ne semble presque plus faire partie de l'Empire mais plutôt du Bene Gesserit (plus sûrement qu'auparavant en tout cas). Alia (mariée à Duncan) jouit de son nouveau statut, comme ses divers compagnons profitent de sa position. Parmi la vieille garde, Stilgar ronge son frein et Gurney semble encore proche de Jessica. Enfin, une nouvelle figure s'affirme en la maison des Corrino afin de rétablir l'empereur destitué par Paul. Les enfants de Dune serait-il une simple intrigue de cours ? Heureusement que Leto et Ghanima, les enfants de Paul, bouleversent l'échiquier. Surpuissants, et en dehors de notre réalité notamment à cause des milliers de vies qui les habitent, ils joueront bien sûr un rôle prépondérant dans l'ensemble de cette aventure. 

Le problème avec Les enfants de Dune, c'est qu'on va d'excitation en ennui, d'actions et d'événements trépidants en calme plat. Difficile alors de vraiment se prendre au jeu, même si je conviens très bien qu'il est rondement mené. Même l'une des meilleures idées du roman selon moi (cette ambivalence entre adulte et enfant des jumeaux) pêche parfois. En effet, autant parfois Herbert joue avec cet entre deux, notamment lorsque les jumeaux parviennent à leurs fins, mais qu'ils doivent se reposer car leurs corps demeurent ceux d'enfants d'une dizaine d'années. Mais, et de plus en plus au fur et à mesure que les besoins de la trame l'imposent, nous oublions cette particularité. L'un et l'autre ne rencontrent plus ces problèmes et agissent comme des adultes normaux. Certes, ils sont anormaux et cela peut expliquer cette évolution. Mais je trouve que ça serait chercher des excuses. Un petit mot sur le finish, grandiose, qui rattrape quand même le tout (qui n'était pas tombé si bas).

Bref, je crains fort que la suite de l'épopée restera sur ce mode un peu indigeste. La conclusion de Les enfants de Dune le suggère par ailleurs assez bien. Même si la saga reste incontournable, il faut avoir envie de se l'avaler (ce qui, quelque part, n'est pas un mal). Il y aurait des tas de choses à dire, sur les tensions, les choses suggérées, certains événements particulièrement marquants. D'une part, de gros spoiler apparaitraient et, de l'autre, je ne suis pas sûr que dévoiler toute cette complexité soit intéressant.


Les Murmures.

Commentaires

  1. Moi, qui ai adoré ce livre, comme les précédents, j'ai du mal à retrouver les enfants de Dune dans ta chronique. Peut-être que le temps, parce que ça fait très longtemps que je l'ai lu, a atténué l'ennui dont tu parles mais je ne me souviens vraiment pas m'être ennuyée. Avoir été perdue par moments, oui, mais c'est un livre qui se relit. On découvre alors mieux les trames qui gèrent les différents protagonistes qu'à la première lecture. Et puis, il y a des scènes d'anthologie, des morceaux de bravoure, des révélations qui remettent en perspective les précédents tomes de Dune et notamment le comportement de Paul. Mais bon, si celui-ci ne t'a pas plu, honnêtement, ne lis pas le suivant, "l'empereur-dieu de Dune" qui est profondément mystique.

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  2. Hé bien moi je me suis emmerdé grave ! Il y a plus de longueurs que d'autre choses dans cette suite de Dune.

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  3. C'est le volume le plus creux de la saga. Le passe plat préparant L'Empereur Dieu de Dune, qui est d'une toute autre trempe. Le seul point rigolo des enfants, c'est les personnages du couple de jardiniers, qui ne sont autre que l'auteur et sa femme commentant leur propre roman.

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