Entretien avec un Québécois (1/3)
Comme promis, voici la toute première partie de l'entretien que l'écrivain canadien (pardon, québécois) Martin Lessard, auteur de Terre sans mal, m'a accordé...
A.C. de
Haenne : Martin Lessard,
bonjour. Pourrais-tu nous dire qui tu es et d’où tu viens ?
Martin
Lessard : Salut, Antoine. Pour
faire simple, il y a mon profil Google : « Gribouilleur de
science-fiction, j’aime les bouquins, la musique et le bon vin. » Mais on
peut ajouter à cela que je suis Québécois, père de deux magnifiques jeunes
filles de 13 et 9 ans, en couple depuis bientôt vingt ans avec ma non
moins magnifique conjointe, enseignant d’histoire de formation et également
diplômé d’activité physique et de biomécanique à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Sinon, j’ai aussi une chatte, Dre Calvin, ainsi qu’une barbe rousse... ma barbe
n’a pas de nom, par contre... quoique certains l’appellent Less.
A.C. : Quel pourrait être ton TOP 4 des écrivains qui t’ont
le plus marqué ou influencé ?
M.L. : La réponse facile serait Asimov, Bradbury, Clarke et
Dick (l’ABCDick de Terre sans mal). Et
ce ne serait pas faux de le dire. Mais sans doute m’ont-ils marqué davantage
parce que je les ai lus très jeune et en rafale. S’enfiler l’œuvre complète d’un
auteur en peu de temps permet une immersion aveugle qui laisse des traces indélébiles
dans la tête d’un gamin. De beaux moments qu’une relecture a parfois tendance à
gâcher, du reste. J’ai relu un Bob Morane, il y a quelques semaines, et je
suis désolé, Henri : aucun plaisir à la clé ! De toute évidence,
certaines douceurs solitaires sont réservées aux adolescents.
A.C. : Es-tu cinéphile ?
M.L. : Ni connaisseur, ni même à jour des nouveautés en
salle intéressantes. Cela dit, j’aime beaucoup le cinéma, bien que ma
consommation des dernières années se retrouve la plupart du temps dictée par ma
situation de père de famille. Je n’ai rien contre Disney ou Pixar, à l’occasion,
mais des trucs à la Twilight... ça va finir par me tuer ! Par chance, il y
a le Blu-ray qui permet d’un peu me rattraper, le soir, quand les enfants sont
couchés. Et comme mes filles vieillissent, je ne perds pas espoir et travaille d’arrache-pied
à combattre le mal qui les assaille : un album de Zappa en trame de
fond, l’air de rien ; un Robert Charles Wilson subrepticement
abandonné sur la table du salon ; un petit Kubrick en famille, le
dimanche... Dur d’être père.
A.C. : Beau programme en tout cas. Qu’est-ce qui t’a poussé
à devenir écrivain ?
M.L. : La question est intéressante mais la réponse risque
de l’être un peu moins. À la base, c’est tout bonnement le désir de poser des
questions, des plus simples aux plus existentielles, puis de créer des univers
pour tenter d’y répondre (ou non). Certains appellent ça la création. Je sais,
c’est d’un banal consommé... Quelqu’un aurait une corde que j’en finisse ?
A.C. : Mais non, on a une interview à finir ! Pourquoi
la science-fiction ?
M.L. : J’écris aussi un peu de policier et de la blanche. (Un
peu ! j’ai dit.) Néanmoins, pour m’évader à
fond, rien de mieux que la SF (au sens large du genre). Avec les littératures
de l’imaginaire, le dépaysement vient aussi du cadre, par conséquent, les
questions possibles en sont forcément décuplées. Et comme je suis amateur et
grand consommateur du genre, dans une certaine mesure, le choix s’est imposé de
lui-même. Mais je persiste à croire que la science-fiction, par sa complexité
et ses subtilités, est un formidable outil d’introspection sociale par lequel j’arriverai
un jour à prendre le contrôle de toutes vies sur Terre. Tenez-vous-le pour dit.
A.C. : Ouh la ! Tu fais peur, là ! À quel moment
de la journée écris-tu ?
M.L. : Quand mes filles reviennent de l’école, je m’enferme à
double tour dans mon bureau et n’en ressors le lendemain qu’après leur départ.
(Comme la vie serait triste !) Blague à part, c’est tout le contraire. J’ai
un horaire d’écolier, en fait. En semaine, de leur départ pour l’école jusqu’à
leur retour, moins le temps consacré aux tâches ménagères de la maisonnée. J’ai
bien essayé d’écrire le soir et les week-ends, mais l’homme rose bonbon que je
suis préfère profiter au maximum de ses trois femmes quand elles sont là. Dans
ma tête, par contre, ça cogite 24 sur 24.
A.C. : Je connais… Es-tu plutôt stylo ou ordinateur ?
A.C. : …
M.L. : Disons que je suis au deux. (Hé hé !) Je rédige et
corrige sur mon ordinateur mais garde toujours un crayon et des feuilles à ma
gauche pour noter ce qui me passe par la tête. Certains jours, je ne fais que
ça. Et chose étrange, lors de ces périodes papier/stylo, jamais je n’ai pensé à
pousser mon ordinateur de côté. Je me contorsionne des heures durant (je suis
droitier) à prendre des notes sur des bouts de feuilles quasi inaccessibles. Il
faut souffrir pour être... pour écrire !
A.C. : C’est bien vrai, ça ! Alors, justement, quelle
est ta méthode de travail ? Je veux dire : de quelle manière
réalises-tu tes recherches, fais-tu un synopsis, etc. ?
Voilà, pour la suite, c'est demain !
A.C. de Haenne
Cool interview, mais pourquoi à épisodes ? ? ? ?
RépondreSupprimerParce que :
Supprimer1. J'ai toujours fait comme ça ! (et si ça, ce n'est pas la meilleure des raisons, qu'est-ce que c'est ? ;-) )
2. Autrement, ce serait trop long, et j'ai peur de perdre le lecteur.
3. Pour donner envie au lecteur, qui a tout loisir de revenir quand il veut...
4. Et enfin, je dirais : pourquoi pas ?
En tout cas, heureux que ça te plaise !
A.C.