Bifrost n°69 : Culture Rock & Sciences-Fiction

La plupart du temps, la revue Bifrost est consacrée à un ou deux auteurs, français ou étrangers. C'était d'ailleurs le cas pour l'opus précédent qui nous avait régalé avec l'écrivain britannique Ian McDonald. Et puis, parfois, le dossier central de la revue s'ouvre sur un thème plus général de la SF ou du Fantastique, comme l'Uchronie ou, plus récemment, les Vampires. Pour ce nouveau chapitre de Bifrost, on se trouve donc plutôt dans le second cas de figure. Bon, avec le numéro 69, on aurait pu s'attendre à une thématique plus olé olé, mais comme les collaborateurs de la revue sont des gens sérieux, ils ont préféré parler des interactions entre la culture Rock et la SF. 

Si on était en droit de voir planer l'esprit punk sur ce nouvel opus de Bifrost, Olivier Girard (j'ai vérifié) nous sèche tout de suite avec son édito qui brosse une peinture peu reluisante (et très certainement réaliste) du paysage éditorial SFFF de ce début d'année 2013. Déjà, pour le Sex & drugs & rock'n'roll, on repassera...

Ensuite, ce ne sont pas moins de quatre nouvelles proposées, toutes forcément tournant autour d'une figure emblématique du rock vu par le prisme du surnaturel ou de la "SF". Le premier à s'y coller, c'est Jacques Barberi. Avec Cabinessence ou la vie de Brian, Barberi nous narre les aventures intérieures d'un Brian Wilson (le chanteur des Beach Boys, pour ceux qui n'avaient pas suivi) sous influence. Une très bonne nouvelle, très bien écrite et qui navigue parfaitement entre fantastique et science-fiction. Stéphanie Benson est une auteure anglaise que je découvre ici (ben oui !). Avec Winnie l'ourson ne se coupe pas, elle nous offre une nouvelle carrément décalée mettant en scène un Brian Jones au bord du suicide qui voit apparaître dans sa vie gâchée par un certains Mike les créatures inventées par A.A. Milne. Je n'ai pas du tout accroché à cette histoire pourtant bien troussée mais un peu trop décalée à mon goût et à la fin de laquelle on se dit : tout ça pour ça. On passe directement à la nouvelle de Daniel Walther, Le manteau noir, qui suit les aventures érotico-fantastiques d'un certain Robert Zimmerman, dit Bob Dylan. Là encore, c'est très bien écrit et on sent dans les mots de Walther qu'il est un grand fan du chanteur américain. Pour ma part, je ne suis pas sûr d'avoir tout saisi, et c'est bien dommage. Enfin, l'auteur anglais Alastair Reynolds nous propose la dernière nouvelle, celle qui se trouve le plus en adéquation avec le thème proposé ce mois-ci par la revue. Live at Budokan  est la plus longue des quatre et, à mon humble avis, la meilleure. On suit un producteur de spectacle de Rock en mal de nouveautés. S'étant trouvé un peu dépassé par sa dernière création, des robots géants à l’effigie du groupe de métal Metallica, il se doit de trouver autre chose, encore plus incroyable... On se prend cette histoire dans la tronche comme s'il s'agissait d'un riff de guitare. C'est juste et très bon.

Ensuite, cahier critique. Des presque quarante pages de chroniques, je voudrais citer celle de Philippe Boulier à propos du cycle d'Omale, de Laurent Genefort. "Plus que jamais, le cycle d' "Omale" apparaît comme l'une des oeuvres majeures de science-fiction française". Cela me parle d'autant plus que je suis en ce moment plongé dans les pages des Conquérants d'Omale.

S'ouvre alors le dossier sobrement appelé "Univers croisés : Rock & SF".
Après une intro de Richard Comballot, on a droit à un long texte d'Eric Holstein pour nous expliquer les liens qui unissent le rock et la SF. Visiblement, l'auteur semble maîtriser son sujet.
Puis un guide de lecture de dix pages aiguille le lecteur sur les incontournables de la SF rok'n'rollienne.
Dans un texte sobrement intitulé "SF & drugs & rock and roll", le grand Norman Spinrad en personne revient sur sa propre expérience d'écrivain de SF et de chanteur de rock !
Ensuite, c'est Jean-Marc Ligny qui se pose la question de savoir si le rock est soluble dans la SF...
Puis c'est Philippe Thieyre qui nous parle des croisements entre SF et rock psychédélique.
Enfin, Richard Comballot évoque pour nous le rock dit progressif.
Et puis, en guise de conclusion, on a droit à une liste de 100 albums "Rock & SF" à écouter avant la fin du monde.
Pour vous dire la vérité, je ne suis pas un grand fan de musique. Pour preuve, je me suis arrêté aux Doors. Donc, c'est peu de dire que je ne suis vraiment pas un spécialiste et il fallait bien que je sois abonné à Bifrost pour lire celui-là, jusqu'au bout. Loin d'être une torture (c'est super bien écrit, documenté, etc.), cette lecture du dossier du présent Bifrost n'était tout simplement pas pour moi. J'ai trouvé cette accumulation d'articles parlant du même thème assez répétitive. Trop sûrement.

Comme une sucrerie pour faire passer le goût amer laissé par le précédent dossier, le bon professeur Lehoucq nous régale avec sa chronique ScientiFiction. Pour ce numéro, il s'est associé au paléontologueJ. Sébastien Steyer pour démonter point par point le film (?) de Ridley Scott, Prometheus.

This is the end... des razzies ! Ces prix du pire de l'édition française ont définitivement disparu de la revue. Personnellement, je ne suis pas sûr de les regretter tant ils relevaient du jeu de massacre mâtiné de règlements de comptes. Ça tournait un peu en rond, tout cela...

A la place, Pierre-Paul Durastanti inaugure une nouvelle rubrique où il chronique toutes les sorties poche qui l'ont marqué.

Pour la commande de ce numéro, ou un abonnement (soyons fous !), c'est par ici...

note : II

A.C. de Haenne

Commentaires

  1. En lisant la nouvelle de Stéphanie Benson, j'imaginais avec effroi ce que ça pourrait donner en VF : Mike Brant défenestré par Bécassine. Aaaaaaaargh !

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    1. Ouaip ! Quelque chose dans le genre... En tout cas, ça ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.

      A.C.

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