Interview d'Isabelle Guso (3/4)

[ATTENTION : ceci est une ancienne interview accordée par Isabelle en septembre 2010 !]

Voilà donc la troisième partie de l'entretien...

A.C. de Haenne : Le premier octobre sortira chez Griffe d'Encre ta première
novella, Présumé coupablePC pour les intimes.Avant de parler de ton livre en particulier, peux-tu nous expliquer ce qu'on entend par le terme de novella? Ensuite, que peux-tu nous dire de ta maison d'édition, quels liens as-tu tissé avec celle-ci ?

Isabelle Guso : Une novella est un roman court (entre 80000 et 300000 signes ec, en gros). J’ai découvert ce format avec Griffe d’Encre. C’est assez particulier comme construction parce que certains auteurs l’utilisent vraiment comme un roman court, quand d’autres le font comme une nouvelle plus longue (texte à chute, ou alambiqué, plus centré sur un instantané ou une réflexion ponctuel que sur le développement d’une intrigue). D’après l’éditrice, c’est même un format à part avec son rythme propre. Quand elle entame un texte, même si elle en ignore la longueur, elle sait très facilement ressentir ce rythme. C’est un format qu’elle aime beaucoup, raison pour laquelle elle a créé une collection particulière pour ce type de récit peu publié en France.

Griffe d’Encre est une maison dont j’estime beaucoup le travail. Je leur ai proposé deux textes qui ont été refusés pour la Terre et l’anthologiste a pris le temps de m’expliquer ces refus avec un avis très constructif. Pour l’Air, j’avais visiblement appris de mes erreurs parce que mes deux textes ont été présélectionnés. C’est à partir de là qu’on a commencé à communiquer. Le travail en collaboration s’est bien passé, d’un côté comme de l’autre, puis, comme souvent dans ce monde-là, on a appris à se connaître davantage jusqu’à tisser des relations personnelles.

C’est un milieu assez étrange à ce titre, parce que la nature même de notre travail pousse à un investissement personnel. Quand la collaboration se passe mal (éditeur maladroit dans ses remarques, auteur trop imbus de lui-même pour accepter les critiques constructives ou mauvaise communication entre les deux…), les clashs prennent souvent une tournure personnelle. Mais quand c’est le contraire, on en vient facilement à étendre les sujets de discussion et à sympathiser au-delà du travail. J’imagine que c’est vrai dans tous les métiers, mais l’édition me paraît un secteur particulièrement propice à cela.

Broc en stock !A.C. : Venons-en maintenant à ton livre, Présumé coupable. J'avais déjà eu l'occasion de te dire à quel point je trouvais la couverture magnifique. Toi, comment la trouves-tu ?

Isa : Question piège !

De prime abord, je n’ai pas aimé la couverture. Je n’y retrouvais pas l’ambiance de ma novella, ni le caractère de mon personnage. Mais en fait, je m’en doutais avant même de la voir. Le premier contact avec une couverture, c’est aussi la première fois qu’on laisse quelqu’un d’autre s’emparer de l’histoire qu’on a écrite et imposer son regard dessus. Pour une novella qui m’avait autant tenue à cœur, c’était une coupure du cordon délicate.

Ce qui n’a pas aidé, c’est qu’aucun de mes amis ne l’a aimée. Maintenant, je découvre qu’elle sait trouver son public. En fin de compte, je crois que cela ne me déplaît pas d’avoir une couverture qui ne laisse pas le public indifférent.

A.C. : Sans trop en dévoiler, que peux-tu nous en dire ?

Isa : Qu’elle a très peu de chance de laisser le lecteur indifférent. Et que c’est tout ce que j’espère. Qu’elle heurte ou qu’elle émeuve, je souhaite surtout qu’elle touche son public, qu’elle amène le lecteur à réfléchir, peut-être à repenser le monde un peu autrement, en remettant en cause certaines certitudes.

Pour être plus prosaïque, c’est un texte qu’on peut classer dans le registre du Fantastique (mon genre de prédilection) même si la magie ne prend pas une part très importante dans le récit. J’y raconte la quête d’un homme, un combat pour changer sa vie.

A.C. : Combien de temps as-tu mis pour l'écrire ? Comment t'es venue l'idée de cette histoire ?

Isa : Cinq jours !

A.C. : Ah oui, quand même !

Isa : Oui, bon, ça va paraître très court, je sais. Mais le contexte était très particulier ! « On » (j’y reviendrai plus tard) m’a envoyé un lien sur Internet pour lire un billet sur un blog. Je ne peux pas en dire trop sur le sujet mais disons que ce que j’ai lu m’a profondément bouleversée. Sachant comment je fonctionne, cela a fait naître le besoin d’écrire. Sauf que cette fois-ci, c’était une nécessité presque vitale. Je n’ai fait qu’écrire pendant ces cinq jours. J’écrivais dans la voiture (ce n’est pas moi qui conduis, hein ? N’appelez pas les flics !), en allaitant mon fils (pratique, ça prenait plusieurs heures par jour), en mangeant, sur le dos de la liste de course… J’écrivais même quand je ne pouvais pas écrire : sous la douche ou en cuisinant, les phrases venaient toutes seules et je devais courir derrière un bout de papier pour les noter.

Après cinq jours à ce rythme-là, j’ai apposé le mot « fin » et j’ai pu respirer à nouveau.

A.C. : Quelle a été ta réaction quand tu as reçu la bonne nouvelle de ton éditeur ?

Voilà. Suite et fin le plus tôt possible, dès demain je l'espère...

A.C. de Haenne

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