Les Kerns de l'oubli, tome 1 : L'Exil, de Feldrik Rivat
Exilé loin d'Almenarc'h, ville tentaculaire au centre du monde connu, Erkan se réveille au beau milieu de nulle part, totalement amnésique. Mais alors que de mystérieux tueurs tentent de l'assassiner, le jeune homme se découvre d'une force incroyable, faisant preuve d'une impressionnante dextérité au combat. Il partira donc en quête de ses origines, sans se rendre vraiment compte de ce qu'il représente pour le pouvoir en place...
illustration signée Alexandre Dainche |
Voici bien un résumé difficile à écrire, tant les intrigues sont nombreuses. Pour ne pas te perdre, cher lecteur, je me suis permis de me limiter à une seule, celle qui m'a paru non pas la plus importante, mais bien plutôt celle correspondant le plus aux canons de ce que l'on nommait jadis "Heroic Fantasy" (oui, je suis un vieux). Erkan est un guerrier qui se révèle durant des combats qu'il remporte avec une certaine facilité. Mais ce roman est tout sauf centré sur ce seul héros. Cependant, c'est peut-être celui qui nous est le plus attachant parce qu'à la recherche de son identité.
Ce qui frappe tout de suite en entamant ce premier roman, c'est l’ambition du projet littéraire de Feldrik Rivat, tant sur le fond que sur la forme.
Chaque chapitre s'ouvre avec le nom d'un des nombreux personnages que l'on va suivre durant quelques pages et l'on entre dans l'esprit de chacun d'entre eux (emploi systématique de la première personne du singulier). Bon, je dois bien avouer que c'est peut-être là un des points les plus faibles de ce roman. N'est pas Roland C. Wagner qui veut. Je m'explique. Cette façon d'alterner les chapitres en mettant en scène différents personnages, le tout à la première personne, ça m'a tout de suite fait penser au sublime Rêves de Gloire, où Wagner ajoutait au procédé une difficulté supplémentaire en ne nommant jamais les différents protagonistes. Seulement voilà, là où l'écrivain confirmé (trop tôt disparu, durant l'été 2012) s'en sortait parfaitement avec une oeuvre polyphonique maîtrisée de bout en bout, l'auteur débutant peine a faire vivre toutes les voix avec une égale qualité. Certains personnages sont très bien réussis (Erkan, déjà cité, ou bien le terrible roi Alkar), alors que d'autres ne sont pas parvenus à me rendre compréhensible leur réalité.
Heureusement pour la lecture, cette faiblesse est largement compensée par la force du style de Feldrik Rivat. L'auteur sait à merveille développer une langue riche, très évocatrice et plutôt efficace. De cette efficacité que pouvait mettre en oeuvre, en son temps, un certains Robert E. Howard dans les descriptions des combats de son célèbre Cimmérien. Il y a aussi du Jaworsky dans la richesse de cette écriture. Sans atteindre la perfection de l'écrivain lorrain (qui le peut ?), Feldrik Rivat semble avoir ce même goût pour le mot juste que l'on place exactement au bon endroit, au bon moment.
Alors, même si je n'ai pas adhéré à toutes les intrigues mises en place par l'auteur de façon fort ambitieuse, j'ai suivi avec grand intérêt les histoires les plus fortes, les plus immersives. Malheureusement, je me suis peut-être embrouillé les pinceaux et ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Après, je suis sûr que les parts d'ombre qui demeurent à la fin de ce premier tome s'éclairciront à la lecture du deuxième, Les larmes du désert (que j'ai reçu et qui attend d'être lu).
En attendant, je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans ce premier roman pas tout à fait à la hauteur de l'ambition de son auteur, mais qui a le mérite de vous plonger dans un monde d'une grande beauté. A la fin de l'ouvrage, on peut même trouver les traditionnelles cartes que tout bon roman de Fantasy se doit de posséder. Sauf que là, les deux cartes (une de la ville et une autre, d'une beauté renversante, qui représente le monde lui-même) ont été réalisées par l'auteur. A mon humble avis, on n'a pas fini d'entendre parler de Feldrik Rivat.
Avant de vous laisser, je voudrais juste ajouter un petit mot sur l'édition en elle-même. Pour faire simple, Les Editions de l'Homme Sans Nom ont fait un travail remarquable : très peu de coquilles, marque-page, etc. Ce n'est pas si souvent alors je me permets de le signaler.
Les Kerns de l'oubli, Tome 1 : L'Exil, édition L'Homme sans Nom, 424 pages, 19,90€, mai 2013
note : II
A.C. de Haenne
Cette chronique entre dans le cadre du challenge Francofou qui se termine... aujourd'hui ! (ouf...)
Sais-tu combien de tome sont prévu ?
RépondreSupprimerOui, trois. L'auteur est en plein écriture du troisième tome.
RépondreSupprimerA.C.
C’est clair que les Editions de l'Homme Sans Nom font vraiment du bon boulot...
RépondreSupprimerPour un "petit" éditeur, je confirme, la qualité est au rendez-vous.
SupprimerA.C.
J'ai vu énormément de pub pour ce livre lors de sa parution. Je ne sais même plus comment Feldrik est arrivé dans ma liste d'amis... via YmaginèreS, sans doute.
RépondreSupprimerBref, je me demandais ce que valait ce livre, je suis maintenant intriguée ^^
Laisse à présent parler ta curiosité... Je crois sincèrement que, malgré les défauts propre à un premier roman, ce livre vaut le coup qu'on s'y intéresse.
SupprimerA.C.