Stalker (Piknik na obotchine), par Arkadi et Boris Strougatski
Redrick Shouhart est un stalker. Contre rétribution, il accepte de pénétrer dans la Zone près de la ville de Harmont ; là où, quelques années auparavant, des extra-terrestres ont abandonné des objets extraordinaires représentant une petite fortune pour ceux qui savent les utiliser. Mais être stalker n'est pas sans risque. Entrer dans la Zone peut se révéler dangereux, à la limite de la légalité parfois et, surtout, laisser de graves traces psychologiques...
illustration de LASTH |
Le titre original de ce roman paru en 1972 est Pique-nique au bord du chemin (c'est d'ailleurs le sous-titre de la dernière version poche, parue chez FolioSF en 2013). Le pique-nique est ici celui des extra-terrestres qui se sont arrêtés au bord du chemin (notre Terre) et y ont laissé des miettes de leur technologie, très certainement obsolète de leur point de vue. Et les humains ne sont ici que de pauvres créatures réduites à l'échelle inférieure, un peu comme des fourmis qui viendraient chercher ces restes de repas. Dans ce roman, des extra-terrestres nous ne sauront rien, ou pas grand-chose. Ils sont partis depuis bien longtemps et seule cette technologie qui reste incompréhensible pour le genre humain laisse en creux une preuve de leur passage. Mais ce n'est pas sans conséquences sur l'humanité. Si certaines personnes s'y retrouvent (comme souvent), nombreux sont ceux qui souffrent plus ou moins directement à cause de ces objets. Les stalkers bien sûr, qui sont en première ligne, mais aussi leur famille. Par effet de ricochet, c'est la société toute entière qui se trouve perturbée. En effet, la Zone a parfois une influence assez étrange sur son environnement immédiat. Quand elle donne une nouvelle "vie" aux gens qui sont morts et enterrés depuis bien longtemps, par exemple (Fabrice Gobert a-t-il lu Stalker avant de créer sa série Les Revenants ?). Il plane d'ailleurs une drôle d'ambiance mélancolique sur ce roman. Est-ce cela que l'on appelle "l'âme russe" ? Je ne saurais le dire...
illustration de Bastien Lecouffe-Deharme |
Bref, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aapprécié ce grand petit livre, petit par le nombre de pages, mais grand par ce qu'il raconte - qu'il n'a pas fini d'ailleurs de me raconter, longtemps après que je l'ai refermé - et la façon dont il est raconté. Parce que, oui, le style développé par Arkadi et Boris Strougatski est magnifique. Je ne sais pas si on peut qualifier un style de roublard, mais c'est le mot qui me vient quand je pense à la plume des deux frères russes.
Cette chronique a été rédigée dans le cadre d'une opération organisée par les éditions Denoël, à l'occasion du quinzième anniversaire de sa collection "Lunes d'encre". En effet, il fallait choisir un auteur (en l’occurrence ici on a droit à deux pour le prix d'un) qui n'avait jamais été chroniqué dans ces pages, et dont le roman était toujours disponible. Si vous voulez vous rendre compte par vous-même que Stalker l'est bel est bien (disponible), je vous invite à suivre ce lien (et, pourquoi pas, à l'acheter ; en plus, il n'est vraiment pas cher).
Stalker (Пикник на обочине) - Denoël - collection Lunes d'encre - traduction Svetlana Delmotte (édition définitive établie par Viktoriya Lajoye) - 240 pages - 18,25€ - D.L. : avril 2010
note : IV
A.C. de Haenne
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