Inherent Vice

En cette année 1970, Larry "Doc" Sportello est un détective privé d'un genre particulier, très souvent sous l'influence de la marijuana qu'il consomme à forte dose. Mais lorsqu'il reçoit la visite de son ex-petite amie, Shasta Fay Hepworth, sa vie bascule. Elle lui demande d'enquêter sur l'homme qu'elle fréqente en ce moment, Michael Z. Wolfmann, un magnat de l'immobilier qui est aussi un Juif qui s’acoquine avec des motards nazis. Mais la police de Los Angeles, en la personne du détective Christian F. Bjorgsen, dit "Bigfoot", commence à accuser Doc parce que Wolfmann a disparu... et Shasta aussi ! Jusqu'où cette enquête mènera Doc ? Sur la piste du Croc d'Or, et bien plus loin encore ...

Inherent Vice (2014, 2h29), film américain de Paul Thomas Anderson, avec Joaquin Phoenix, Joanna Newsom, Katherine Waterston, Josh Brolin, Benicio Del Toro, Owen Wilson...

Voilà la baffe que j'attendais depuis longtemps de la part du cinéma "indépendant" américain. Et pour le coup, je suis vraiment servi. C'est exactement le genre de films que j’espérais de la part de Paul Thomas Anderson. En effet, depuis que je l'ai découvert (avec la V.H.S. de Boogie Nights), j'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait-là d'un réalisateur à part, faisant partie de ceux qui ont un point de vue différent. Et, effectivement, de film en film, P.T.A. a su se forger une filmographie certes pas très pléthorique mais d'une grande qualité. Et c'est peu de dire que l'incroyable There Will Be Blood relevait du chef d'oeuvre tant ce film était fort, que ce soit au niveau de la mise en scène, de l'interprétation (l'affrontement entre Daniel Day Lewis et Paul Dano était incroyable de vérité et d'intense brutalité), de l'utilisation de la musique (première participation du compositeur Jonny Greenwood, membre de Radiohead). Bref... Et puis, étant devenu un fan absolu du réalisateur américain, au point d'aller voir ses films en ne sachant que le strict minimum, j'ai vu "The Master" (une autre confrontation entre deux grands acteurs). Et là, c'est le drame... Je n'épiloguerais pas sur ce film parce que beaucoup de choses ont été dites, mieux que je ne saurais le faire, d'autant que les seuls mots qui m'en reste pour le qualifier sont "déception" et "ennui". Bref (bis)...
Après cette petite introduction qui me semblait nécessaire, me voilà donc pour vous parler du septième long-métrage de P.T.A. (Boogie Nights était son deuxième, après un Hard Eight que je n'ai toujours pas rattrapé) depuis 1996. La première chose à dire, c'est qu'il y a énormément de choses à dire. Ah ben nous voilà bien avancés. 

Le retour du Dude...

Oui, parce que ce Doc avait des airs de Lebowski, même si là le bouc était changé en favoris wolveriniens du plus bel effet. Toujours (ou peu s'en faut) sous l'influence de la marijuana (le Dude, si son cocktail favori était le white russian, ne crachait jamais sur un petit joint de weed, bien au contraire), le Doc se trouve embarqué dans une affaire qui le dépasse. Exactement comme le personnage débonnaire et éminemment sympathique interprété par un Jeff Bridges au top de sa forme dans le film des frères Coen. Comme dans The Big Lebowski, ici aussi l'intrigue est secondaire. Le spectateur doit aussi accepter de se laisser porter par cette histoire rocambolesque, parfois sans queue ni tête... Parce que l'important n'est pas là. Et la vérité...

Une beauté renversante...

On sait à quel point P.T.A. est un perfectionniste. Que ce soit au niveau des images, du cadre, du champ et du hors-champ, rien n'est laissé au hasard. Mais le plus impressionnant, c'est que ce souci du détail n'est pas rédhibitoire. Bien au contraire, il sert le film. D'autant qu'on ne peut se rendre compte en une seule vision à quel point il y en a. Mais ces détails ne sont pas que esthétiques. Il interviennent aussi au niveau des dialogues, des références, des noms des personnages, etc. Bien sûr, pas mal de choses m'ont échappé, d'autant que Inherent Vice est tiré du roman du romancier aussi américain que mystérieux, Thomas Pynchon. Roman qualifié d'inadaptable (forcément !), Anderson a su donner à son scénario ce qu'il fallait d'enrobage pour lui conserver l'aspect du récit littéraire, notamment par l'emploi d'une voix off d'un narrateur qui est aussi un des personnages principaux. Et tout cela m'a drôlement donné envie de me plonger dans le livre du romancier.


En conclusion, bien qu'il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce film, je vais m'arrêter là. Je ne peux donc que vous inviter à aller le voir parce que par les temps qui courent, les bonnes comédies intelligentes et déjantées se font rares je trouve. Joaquin Phoenix a un potentiel comique que je ne lui connaissais pas. Autant il m'exaspérait dans The Master, autant là je le trouve tout simplement incroyable. C'est valable pour tout le casting, qui frôle la perfection.

note : IV

A.C. de Haenne

Commentaires

  1. Quelle critique ! Je ne savais pas que tu étais un fan de Paul Thomas Anderson. J’avais beaucoup aimé « Magnolia » et « There will be blood », même si je suis plus fan de Wes Anderson.

    PS : mais qu’est-ce qu’ils ont tous à s’appeler « Anderson » ces réalisateurs américains nom d’un chien ? Je ne parle même pas de Paul W. S. Anderson...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

      Supprimer
    2. Mais je suis aussi fan de Wes ! Dans un autre genre, s'entend... Quant à Paul W.S., comment dire ? Non, ce n'est plus possible depuis le jour où j'ai vu "Aliens vs Predator". Vraiment plus possible...

      Oui, j'espère que cette chronique reflète bien mon enthousiasme. Il le mérite, même si tout le monde n'est pas d'accord. Cela faisait longtemps que je n'avais pas connu ça au ciné.

      A.C.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire