Le Maître du Haut Château (The Man of the High Castle), par Philip K. Dick
1948 voit la fin du second conflit mondial, avec la victoire des forces de l'Axe contre les Alliés. L'Allemagne et le Japon se partagent le monde, et notamment les Etats-Unis. Vingt ans plus tard, la vie semble normale dans les Etats-Pacifiques d'Amérique, sous domination nippone. Deux livres font fureur : le Yi King, sorte de guide spirituel et philosophique, et Le poids de la sauterelle, qui raconte un monde alternatif où les Alliés auraient gagné la Seconde Guerre Mondiale...
Voici donc la plus récente des publications en France de ce que d'aucuns considèrent comme une oeuvre majeure de la Science-fiction mondiale du XXème siècle, voire comme le chef d'oeuvre de son auteur. Et bien, moi, la première fois que j'ai voulu le lire, ce roman incontournable, il m'est un peu tombé des mains. La motivation n'a pas suffi, l'histoire qui y était racontée ne semblait pas m'intéresser. En plus, ces histoires de gens qui tirent des baguettes de divination à tout bout de champ avant de consulter le Yi King, ça m'était passé un peu au-dessus de la tête... En plus, l'auteur californien a la non enviable réputation d'être desservi par ses traductions. Celle de Jacques Parsons (qui date de 1974) ne semble pas faire exception à la règle, tant elle m'est apparue indigeste. Bref, un échec de lecture...
illustration de Flamidon |
On m'a toujours dit qu'il ne fallait pas rester sur ses échecs. En trouvant la nouvelle traduction (signée Michelle Charrier, qui semble abonnée à Phil Dick) proposée par la collection Nouveaux Millénaires à la médiathèque de mon bled, l'occasion était trop belle de donner à ce roman une nouvelle chance. Bien sûr, je n'ai pas pu m'empêcher de comparer les deux traductions. Mais seulement au tout début, car dès que je me suis fait happé par l'histoire, j'ai laissé tomber l'ancien pour me concentrer sur le nouveau. Seulement, même allégé par une traduction bien meilleure, ce roman se mérite. Plusieurs niveaux de lecture, intrigues qui se croisent mais ne se rejoignent pas vraiment, personnages forts, thèmes nombreux... et si on ajoute à ça une perception de la réalité plus ou moins perturbée (un thème cher à l'auteur), on obtient un roman dense. Malgré sa relative brièveté.
La présente édition s'enrichit aussi du début de la suite qu'avait prévu d'écrire Philip K. Dick (avant d'abandonner le projet). Je ne sais pas si c'est indispensable, mais je m'en suis dispensé, estimant que Le Maître du Haut-Château se suffit à lui-même. En revanche, la postface signée Laurent Queyssi s'est avérée pour moi être un éclairage tout à fait pertinent. N'ayant pu m'empêcher de la lire avant d'attaquer le roman, j'ai eu l'impression que l'auteur bordelais me donnait les clefs du Haut Château...
Bref, vous l'avez compris, j'ai beaucoup aimé ce roman et je suis vraiment ravi de lui avoir donné une deuxième chance. Après le travail réalisé sur Demain les chiens, la collection Nouveaux Millénaires, dirigée par Thibaud Eliroff, prouve une nouvelle fois qu'elle est un acteur important de l'édition actuelle car elle rend disponible (dans un très bon rapport qualité-prix) la SF patrimoniale en grand format. En revanche, et ce sera là mon seul petit bémol, même si l'illustration peut paraître forte et symbolique, elle est tout simplement mensongère. En effet, les Etats-Pacifiques d'Amérique ne sont pas dirigés par les Nazis, mais bien par les Japonais. Je sais, il s'agit là d'une broutille, mais je tenais quand même à le signaler.
Cette chronique entre dans le cadre de deux challenges :
Le Morwenna's list challenge :
et le Summer Short Stories of SFFF !
Le Maître du Haut-Château (The Man in the High Castle) - J'ai Lu - collection Nouveaux Millénaires - traduction de Michelle Charrier - 350 pages - 18€ - D.L. : janvier 2012
note : IV
A.C. de Haenne
Je ne connaissais pas cet ouvrage. Je connaissais le titre, que je situais inconsciemment du côté de Kafka. Mea culpa. J'ai lu au moins une dystopie sur ce thème: "Vaterland" de Robert Harris. Votre commentaire donne envie de se plonger dans P. K. Dick.
RépondreSupprimerPeut-être confondiez-vous avec "Le Château" ?
RépondreSupprimerAlors, même si les mondes décrits dans ce bouquin ou dans "Fatherland" sont dystopiques, ces romans relèvent plus de l'uchronie, où des points de divergence dans le passé provoquent un présent alternatif.
Dick est très intéressant, et les fans sont nombreux.
A.C.
N'ayant moi aussi pas vraiment apprécié ma première lecture de ce livre, tu me mets le doute : peut-être devrais-je lui redonner sa chance un jour ?
RépondreSupprimerCela dit, cela ne m'emballe pas encore : j'ai lu un autre Dick entre temps, et ça ne m'a pas fait un grand effet non plus. ^^'
Ton essai du Haut-Château était-il dans cette version ? Parce que si ce n'est pas le cas, donne-lui une seconde chance, vraiment, il le mérite !
SupprimerA.C.
Je me souviens avoir été déçue à la lecture de ce livre il y a une bonne quinzaine d'années. Il faudrait peut-être que je tente de le relire alors !?
RépondreSupprimerDans cette édition là, c'est sûr. Par rapport à l'autre version, c'est le jour et la nuit. Oui bien est-ce moi qui ai évolué en tant que lecteur ?
SupprimerA.C.