L'Adjacent (The Adjacent), par Christopher Priest

Alors que sa femme vient de mourir en Anatolie où elle était infirmière pour une ONG, Tibor Tarrent rentre en République Islamique de Grande-Bretagne pour y être débriefé dans une base secrète. Il apprend qu'une partie de Londres a été ravagée par un terrible attentat qui a fait au moins cent mille victimes. L'arme utilisée pour l'attentat de l'ancienne capitale anglaise semble identique à celle du meurtre de Melanie Tarrent en Turquie. Mais Tibor Tarrent n'est pas au bout de ses surprises...

illustration d'Aurélien Police
C'est toujours une joie d'ouvrir un livre de Christopher Priest. Il fait partie de mes auteurs préférés (j'avais eu la chance de le lui dire, aux Utopiales 2014) car il a cette particularité pas si courante en définitive d'allier le fond et la forme. Sa plume superbe est au service des histoires qu'il narre. Du grand art, même pour des romans plutôt mineurs (c'est un goût personnel) comme Les Extrêmes.

Alors, quand on m'a proposé le prêt de ce roman-ci, j'ai tout de suite dit oui. L'occasion était trop belle de retrouver l'écriture splendide de l'écrivain anglais. D'autant que L'Adjacent est précédé d'une réputation pour le moins élogieuse (dernière très bonne critique que j'ai lue écoutée, celle de René-Marc Dolhen à la Salle 101) et que ce livre a la chance de posséder une illustration splendide d'Aurélien Police (pléonasme ?) sur sa couverture. C'est donc en toute confiance que j'ai entamé ce roman.

C'est peu de dire que les premières parties du livres (qui en compte huit pas du tout égales) m'ont grandement enthousiasmé. Plusieurs histoires a priori sans liens les unes avec les autres, placées à différents moment de l'Histoire (voire du futur) nous sont proposées et on imagine très bien qu'il faudra, à un moment ou à un autre, les relier entre elles. On retrouve là les thèmes déjà abordés par Priest dans ces précédents romans : la prestidigitation (Le Prestige), les avions (La Séparation), les attentats (Les Extrêmes), la physique quantique (La Séparation), etc. On a encore droit à des réflexions sur la réalité et le lecteur a l'agréable sensation de se faire avoir par l'auteur (un peu comme dans Le Glamour). Et puis, surtout, le style de l'écriture est toujours aussi beau, fluide, limpide, évocateur. Bref, on retrouve bien le Christopher Priest tel qu'on l'aime, que dis-je ? tel qu'on l'adore...

Et puis, patatra. Arrive la septième partie (Prachous, aux deux-tiers du roman), et le château de cartes s'écroule. Cette intrigue mystérieuse, mêlant plusieurs niveaux de réalité à différentes époques, avec un jeu sur les patronymes qui se renvoient les uns aux autres, tout ce qui a été savamment mis en place par Christopher Priest ne tient plus parce que celui-ci semble vouloir donner une pseudo-explication à l'ensemble. Ce qu'il n'avait pas fait avec La Séparation. Certes,  ce dernier était parfois très hermétique, mais laissait au lecteur la possibilité de se faire sa propre idée de ce qu'il avait lu. En plus, là, les "explications" n'en sont pas vraiment. On a la désagréable impression que l'auteur a voulu raccrocher les wagons (au dernier moment ?) pour donner de la cohérence à l'ensemble. Alors bien sûr cette partie reste tout à fait lisible (mieux que ça, puisqu'il s'agit de Priest), mais elle contribue tout de même à me gâcher l'immense plaisir de lecture que j'éprouvais jusque-là. Dommage.

Cependant, même si ce livre n'a pas comblé toutes mes attentes (peut-être en attendais-je trop), Christopher Priest reste l'un de mes auteurs préférés. J'ai vraiment hâte de pouvoir me plonger dans le prochain. En attendant, il me reste encore pas mal de ses romans à lire. Vous n'avez donc pas fini d'en entendre parler par ici.

L'Adjacent (The Adjacent - Denoël - collection Lunes d'encre - traduction de Jacques Collin - 560 pages - 24,90€ - D.L. : mars 2015

note : II

A.C. de Haenne

chronique réalisée dans le cadre du challenge dystopie :




Commentaires

  1. Arf, dommage, ça partait bien...
    Il faut que je le lise ce roman, chaque critique que je vois m'intrigue un peu plus.

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    1. Ce n'est que mon avis, il faut que chacun se fasse le sien. Oui, ça partait vraiment bien.

      A.C.

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  2. J'ai trouvé que l'explication restait quand même légère et laissait largement la place à l'imagination. Les ressentis... ;-)

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    1. ... sont subjectifs, tout à fait !

      (et heureusement, d'ailleurs !)

      A.C.

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