Images fantômes (Generation Loss), par Elizabeth Hand

Cass Neary est une jeune photographe punk qui n'aime rien d'autre que la déglingue et les ambiances morbides qu'elle tente de mettre en scène dans ses photos. Du moins, elle essayait car cela fait bien longtemps qu'elle n'a rien produit. Ayant eu son heure de gloire dans le New York City de la fin des années 70, elle ne fait que vivoter depuis entre un boulot alimentaire et une consommation pour le moins importante de drogues et d'alcool. Alors, quand son vieil ami Phil Cohen lui propose d'aller interviewer une photographe culte des années 60, la jeune femme n'hésite qu'un temps. Surtout qu'Aphrodite Kamestos a demandé à voir la jeune femme personnellement. Seulement, la vieille dame vit à moitié recluse dans une île du Maine et, au mois de novembre, l'ambiance y est assez glaciale. L'accueil que réservera Kamestos à Cass ne le sera pas moins...

Images fantômes est un roman que j'ai reçu grâce à l'opération Masse Critique. Merci donc à Babelio et aux éditions Super 8 !

Elizabeth Hand est une auteure que je découvre ici, même si j'ai déjà entendu beaucoup de bien de son L'Ensorceleuse (Mortal Love, 2004), sorti par chez nous en 2007. Habituée aux adaptations d'univers (saga Star Wars) ou aux novellisations (L'armée des 12 singes, X-Files - le film), elle nous propose ici un roman indépendant qui ne relève pas vraiment de la SFFF. Il s'agit même du premier livre d'une trilogie commencée en 2007 (pour la version originale) et close seulement cette année. Les éditions Super 8 nous offre donc une traduction (signée Brigitte Mariot) dont la sortie officielle est prévue pour le 25 août 2016. Il faut espérer qu'ils publient les deux romans qui suivent.

Je préfère prévenir tout de suite le lecteur de cette modeste chronique, s'il espère un roman de SF ou de Fantasy, il risque d'être déçu. Si on cherche (vraiment) bien, on peut trouver un élément ou deux relevant du fantastique, dans le sens le plus large du terme. Il n'empêche, ce livre est bon et il serait dommage de passer à côté. Mais n'anticipons pas trop.

Le personnage principal est magnifiquement bien campé.  Rédigé à la première personne du singulier, ce roman ne nous cache rien de la personnalité complexe de Cassidy Neary. De son enfance pas toujours très heureuse (elle a perdu sa mère très tôt) à sa vie de jeune adulte passée à photographier des cadavres et à ingurgiter des substances plus ou moins licites, les premières pages nous cadre une anti-héroïne (sans mauvais jeu de mots) totalement nihiliste et qui, forcément, a du mal à se créer du lien social. Si les soixante premières pages sont vraiment focalisées sur ce petit bout de femme que la vie n'épargne pas, les 350 suivantes nous la montrent en lutteuse, à la limite de la redresseuse (je sais, ce mot n'existe pas) de torts. Malgré ses failles et ses faiblesses qui font d'elle un être humain à part entière (plus qu'un simple personnage de roman, je veux dire), Cass Neary est vraiment le point fort de ce roman.

N'étant pas un lecteur assidu de romans noirs, je ne saurais dire si l'intrigue de ce Images fantômes est convenue ou non. Je l'ai tout de même trouvée un peu confuse parfois, parce qu'en voulant donner des indices au lecteur, ou lui tendre aussi des pièges, Elizabeth Hand s'emmêle un peu les pinceaux. Rien de rédhibitoire bien sûr, mais on se perd tout de même un peu entre le passé et le présent. Et si le lecteur a une vision parfaite du personnage principal, ainsi que de deux ou trois autres protagonistes, j'ai trouvé que tout n'était pas clair. En fait, c'est comme sur une photo, où les personnes qui se trouvent devant sont bien nettes, et celles placées à l'arrière, beaucoup plus floues.

En conclusion, si vous vous intéressez à la photographie et à la musique punk new-yorkaise des années 70-80, ce livre est fait pour vous. Surtout si vous aimez les personnages féminins qui ne s'en laissent pas compter. C'est glauque à souhait et une chose est sûre : il ne fait vraiment pas chaud dans le Maine au mois de novembre !

Images fantômes - Super 8 Editions - traduction Brigitte Mariot - 434 pages - 19€ - D.L. : août 2016

note : III





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