Axiomatique (Axiomatic), par Greg Egan
Paru neuf ans avant celui publié par les éditions Le Bélial' (18 récits qui datent en V.O. de 1989 à 1995, plus une bibliographie signée Alain Sprauel), le présent recueil regroupe donc quatre nouvelles, dont celle qui donne leur titre aux deux bouquins (il y a de quoi confondre). Le livre qui nous intéresse ici a été publié en 1997 chez DLM Éditions, aujourd'hui disparues. Toutes les traductions sont signées Sylvie Denis & Francis Valery.
Né en 1961 à Perth en Australie, Greg Egan fait partie de ces écrivains qui cultivent le mystère sur leur vie. A tel point que certains doutent même de son existence réelle. Révélé par les DLM Éditions, d'aucuns le considèrent comme l'un des principaux artisans du renouveau qu'a connu la Science-Fiction à la fin des années 90. On lui doit, entre autres, La Cité des Permutants et Isolation.
Hanté par le meurtre de sa femme, un homme acquiert un implant axiomatique, un dispositif qui permet de modifier en profondeur certains aspects de la psyché humaine, dont la conscience morale. Ainsi espère-t-il se débarrasser des scrupules qui l'empêche d'assouvir son envie de vengeance.
Cette nouvelle qui date de 1990 fait terriblement penser au roman Isolation (Quarantine, 1992), du moins dans son mode narratif (à la première personne du singulier), dans le background du protagoniste principal (dans le futur, un homme a perdu sa femme dans des conditions violentes) et certains aspects technologiques (les implants axiomatiques rappellent bien sûr les "mods" d'Isolation). Peut-être peut-on rapprocher chaque nouvelle de ce recueil à l'oeuvre globale de l'auteur australien, mais je pense que quelqu'un de plus connaisseur s'en sortirait bien mieux que moi. Cependant, l'essentiel n'est pas là. L'important dans cette nouvelle réside sur le rapport à la morale que tente d'éprouver Greg Egan, non pas comme un moralisateur mais plutôt à l'instar d'un humaniste faisant preuve de tolérance. Et il le fait avec style.
Cette nouvelle qui date de 1990 fait terriblement penser au roman Isolation (Quarantine, 1992), du moins dans son mode narratif (à la première personne du singulier), dans le background du protagoniste principal (dans le futur, un homme a perdu sa femme dans des conditions violentes) et certains aspects technologiques (les implants axiomatiques rappellent bien sûr les "mods" d'Isolation). Peut-être peut-on rapprocher chaque nouvelle de ce recueil à l'oeuvre globale de l'auteur australien, mais je pense que quelqu'un de plus connaisseur s'en sortirait bien mieux que moi. Cependant, l'essentiel n'est pas là. L'important dans cette nouvelle réside sur le rapport à la morale que tente d'éprouver Greg Egan, non pas comme un moralisateur mais plutôt à l'instar d'un humaniste faisant preuve de tolérance. Et il le fait avec style.
2 - Le Coffre-fort (The Safe-Deposit Box)
Tous les matins, un homme change de corps, se retrouvant dans celui d'un inconnu. Et chaque jour, il doit réinventer son quotidien. Jusqu'à l'infini ?
Relevant plus du fantastique que de la réelle science-fiction, cette nouvelle (1989) permet là encore à Greg Egan de sonder en profondeur l'âme humaine, mais sans le pathos que certains écrivains peuvent y mettre (non, je ne citerai pas de noms, vu que je ne lis pas de littérature mainstream française). Si, par certains aspects, cette nouvelle m'a fait penser à Memoria de Laurent Genefort (sur les changements de corps et les difficultés qu'un tel procédé engendre). Avec, toutefois, un traitement totalement différent. D'autant que chez l'auteur français, le changement de corps était "volontaire", peu ou prou. L'auteur australien fait ici encore preuve de qualités de style assez remarquables.
Relevant plus du fantastique que de la réelle science-fiction, cette nouvelle (1989) permet là encore à Greg Egan de sonder en profondeur l'âme humaine, mais sans le pathos que certains écrivains peuvent y mettre (non, je ne citerai pas de noms, vu que je ne lis pas de littérature mainstream française). Si, par certains aspects, cette nouvelle m'a fait penser à Memoria de Laurent Genefort (sur les changements de corps et les difficultés qu'un tel procédé engendre). Avec, toutefois, un traitement totalement différent. D'autant que chez l'auteur français, le changement de corps était "volontaire", peu ou prou. L'auteur australien fait ici encore preuve de qualités de style assez remarquables.
3 - Le Tout-p'tit (The Cutie)
Contre l'avis de sa femme, un homme décide d'assouvir son envie de paternité. Et il va jusqu'au bout, jusqu'à porter l'enfant lui-même, même s'il sait que ce rejeton ne pourra pas survivre au-delà de ses quatre ans.
Couverture de la version publiée par Le Bélial' |
Datant de 1989, cette nouvelle est encore une fois racontée par le biais d'un homme dont on ne saura pas le nom, ni le prénom. Bouleversant témoignage d'un futur réaliste, Le Tout-p'tit (titre que l'on retrouvera quelques années plus tard dans le recueil paru au Bélial retraduit par Le P'tit mignon) nous parle du rapport un peu biaisé que certaines personnes, homme ou femme, entretiennent avec la parentalité. Là encore, aucune morale de la part de Greg Egan, juste une manière pour lui de montrer une situation (que d'aucuns jugeraient irréalistes, mais peu importe). Au lecteur ensuite de se faire sa propre opinion sur ce qui est "bien" et ce qui est "mal". Finalement, on n'est vraiment pas loin des houleux débats qui ont récemment secoué la société française à propos de la PMA... En fait, qui est-on pour juger ?
4 - La Caresse (The Caress)
Au cours d'une de ses enquêtes, un policier fait une drôle de découverte : un être mi-femme, mi-léopard. Cette chimère est-elle le résultat d'hybridation d'un riche excentrique qui cherche à reproduire des créatures rencontrées dans des tableaux ?
Cette dernière nouvelle de ce court recueil est la plus étrange et peut-être la plus dérangeante des quatre réunies ici. Et très certainement celle qui laisse la marque la plus profonde dans l'esprit du lecteur. Il faut dire que la couverture de la présente édition l'aide fortement à fixer une image précise puisqu'elle reproduit un détail du tableau du peintre belge Fernand Khnopff, La Caresse, où l'on peut voir la fameuse chimère en question, mi-femme, mi-léopard. Cette lecture est pour le moins une expérience troublante. Mais alors que je n'y avais pas du tout pensé en lisant cette nouvelle (qui date de 1990), il me vient une idée en rédigeant cette chronique. Peut-on penser que Greg Egan nous fait réfléchir ici sur les dangers que représentent les OGM dans notre société. Pour donner un début de réponse à cette question (pertinente ?), il va me falloir relire toutes ces nouvelles. Mais cette fois-ci, je le ferai dans la version plus étoffée proposée par Le Bélial', sous le même titre d'Axiomatique.
Pour conclure, je dirai que cette mise en bouche de quatre nouvelles est une excellente manière d'entrer dans l'univers riche de Greg Egan. L'auteur australien fait preuve d'une grande variété dans les thématiques qu'il aborde, mais adopte une rigueur bienvenue dans sa manière de le faire. Pas moralisateur, l'écrivain parie sur l'intelligence de son lecteur. C'est trop rare pour ne pas être souligné.
Axiomatique - DLM Editions - traductions de Sylvie Denis et Francis Valéry - 128 pages - D.L. : septembre 1997
note : III
A.C. de Haenne
Voici donc la toute dernière chronique rédigée dans le cadre du déjà regretté Challenge CRAAA :
Au cours d'une de ses enquêtes, un policier fait une drôle de découverte : un être mi-femme, mi-léopard. Cette chimère est-elle le résultat d'hybridation d'un riche excentrique qui cherche à reproduire des créatures rencontrées dans des tableaux ?
Cette dernière nouvelle de ce court recueil est la plus étrange et peut-être la plus dérangeante des quatre réunies ici. Et très certainement celle qui laisse la marque la plus profonde dans l'esprit du lecteur. Il faut dire que la couverture de la présente édition l'aide fortement à fixer une image précise puisqu'elle reproduit un détail du tableau du peintre belge Fernand Khnopff, La Caresse, où l'on peut voir la fameuse chimère en question, mi-femme, mi-léopard. Cette lecture est pour le moins une expérience troublante. Mais alors que je n'y avais pas du tout pensé en lisant cette nouvelle (qui date de 1990), il me vient une idée en rédigeant cette chronique. Peut-on penser que Greg Egan nous fait réfléchir ici sur les dangers que représentent les OGM dans notre société. Pour donner un début de réponse à cette question (pertinente ?), il va me falloir relire toutes ces nouvelles. Mais cette fois-ci, je le ferai dans la version plus étoffée proposée par Le Bélial', sous le même titre d'Axiomatique.
Pour conclure, je dirai que cette mise en bouche de quatre nouvelles est une excellente manière d'entrer dans l'univers riche de Greg Egan. L'auteur australien fait preuve d'une grande variété dans les thématiques qu'il aborde, mais adopte une rigueur bienvenue dans sa manière de le faire. Pas moralisateur, l'écrivain parie sur l'intelligence de son lecteur. C'est trop rare pour ne pas être souligné.
Axiomatique - DLM Editions - traductions de Sylvie Denis et Francis Valéry - 128 pages - D.L. : septembre 1997
note : III
A.C. de Haenne
Voici donc la toute dernière chronique rédigée dans le cadre du déjà regretté Challenge CRAAA :
Il y a aussi le Summer Short Stories of SFFF :
C'est bien, c'est très bien, c'est le Bien Greg Egan.
RépondreSupprimerEt te stresse pas pour les chros non commentées, c'est la majorité des miennes.
Je ne me stresse pas, c'était avant tout un moyen de mettre de nouveau le focus sur une chronique qui le méritait je trouve. Quant à tes chroniques, souvent ce sont des lectures en anglais (parfois d'auteurs que je ne connais même pas), bien en amont de mes lectures à moi.
SupprimerA.C.