Les Extrêmes (The Extremes), par Christopher Priest
Teresa Simons est une jeune agent du FBI qui a perdu son mari dans des conditions dramatiques. Celui-ci a été assassiné lors d'une tuerie de masse aux États-Unis. Pour comprendre ce meurtre et ainsi faire son deuil, Teresa décide d'aller dans un petit village de l'Angleterre, où un autre terrible massacre a été perpétré, exactement le même jour : à Bulverton, Gerry Grove a tué vingt-trois personnes. Parce qu'elle a été formée aux ExEx, ce monde virtuel ultra-violent et réaliste, aussi appelé les extrêmes, l'agent Simons veut comprendre ce qu'il s'est réellement passé ce jour-là, savoir s'il s'agit vraiment d'une coïncidence...
illustration de Benjamin Carré |
Les thèmes de prédilection de Christopher Priest sont nombreux : des personnages doubles, des perceptions troublées, voire décalées de la réalité. Et si l'écrivain anglais peut s'amuser à plonger ses personnages dans des situations qui leur fera douter de ce qu'ils ressentent, de ce qu'ils appréhendent du monde extérieur, il pousse le vice jusqu'à interroger son lecteur sur sa propre perception de ce qu'il est en train de lire, jouant avec lui de manière assez troublante et souvent très réussie, notamment grâce à une écriture magnifique, très immersive.
Ici, pour une raison assez obscure (c'est peut-être le seul point noir de ma compréhension de ce roman singulier, les réels motifs de son voyage), le personnage principal choisit de venir en Angleterre pour comprendre ce qui s'est passé aux États-Unis le même jour, quand son mari s'est fait assassiné par un mass murderer (un type d'individu visiblement répandu dans ce pays). Comme si le fait de franchir l'Atlantique pouvait lui révéler des choses importantes pour sa compréhension de ce qui s'est passé ce jour-là. Bon, une nouvelle lecture me serait peut-être utile pour bien saisir la subtilité de ce comportement qui m'a échappé. Rien de rédhibitoire bien sûr mais c'est toujours énervant de ne pas saisir les buts des personnages qui nous sont donnés à lire.
L'autre point important de ce roman est la réalité virtuelle. Aucune date du présent n'y est donné et on imagine tout à fait un futur plus ou moins proche par rapport à notre propre réalité. La seule vraie différence avec notre présent, c'est la possibilité d'entrer dans les mondes virtuels ExEx qui sont d'un réalisme saisissant pour ses utilisateurs. A tel point que Teresa Simons finira par confondre sa réalité avec celle proposée par ces "extrèmes"... Très certainement la partie la plus réussie du roman qui immerge de façon très convaincante le lecteur, ce qui n'est pas toujours le cas dans d'autres oeuvres littéraires.
Au final, si les raisons du personnage principal m'ont échappé, il est clair que l'écriture incroyablement belle de Christopher Priest m'a permis d'apprécier ma lecture. Peut-être pas le meilleur livre de l'auteur anglais, mais un très bon roman tout de même. Et c'est déjà beaucoup.
Les Extrêmes a reçu le prix de la British Science Fiction Association en 1998
Les Extrêmes (The Extremes) - Gallimard FolioSF - traduction de Thomas Bauduret - 496 pages - F10 - D.L. : septembre 2004
note : II
A.C. de Haenne
Deuxième chronique réalisée dans le cadre du challenge ABC 2016 :
Et troisième en ce qui concerne le Défi SFFF & Diversité (item # 18) :
Ouais, il est très sympa ce roman.
RépondreSupprimerPour les "motifs de son voyage" je crois me souvenir (c'est flou, ça date maintenant) avoir tiqué aussi mais que l'explication venait plus loin dans le roman et que tout ça était très logique en fait (pardon, ça ne doit pas bcp t'aider).
Concernant son 1er roman (inédit en français) "Indoctrinaire", je vois sur Isfdb qu'il a été réédité en 2014 par Gollancz.
Du coup, avec la fièvre priestienne galopante à l'oeuvre en Lunes d'encre, peut-être le sieur Dumay l'a-t-il inscrit à son programme de parution.
Après, j'ignore ce qu'il vaut ce roman, mais bon, sachant que par wilsonisme aigu il a publié le très dispensable 1er roman "La cabane de l'aiguilleur" (planqué dans un omnibus, certes), tout est envisageable.
Et publié récemment "Le Rat blanc", ré-écrit par l'auteur, sous le titre de "Notre île sombre". Oui, il y a toujours de l'espoir. En tout cas, ce serait une question à poser à Gilles Dumay (mais comme je sais qu'il passe parfois par ici, peut-être pourrait-il y répondre...)
SupprimerQuant au motif du voyage de l'héroïne, tes indications me font dire qu'il faudrait peut-être que je relise ce roman.
A.C.
Thanks great postt
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